Vers la fin du diplôme de gestion de base pour lancer son activité : une opportunité risquée ?
Le ministre wallon de l’Économie, Pierre-Yves Jeholet (MR), l’a confirmé ce jeudi, en marge de la présentation du “choc de simplification administrative” : un diplôme de gestion de base ne sera plus nécessaire pour lancer son activité en Wallonie. De quoi booster l’esprit d’entreprendre, selon le ministre, et favoriser les reconversions. Les jeunes sont le public visé.
Lorsque vous lancez une activité en Wallonie, en tant qu’indépendant, vous devez posséder les connaissances de gestion de base, en matière de droit, de comptabilité, de fiscalité ou encore de gestion commerciale. Pour les personnes dépourvues d’un diplôme de l’enseignement supérieur, celles-ci doivent détenir un certificat de gestion de base. Certaines compétences sont également nécessaires pour un accès à certaines professions.
Outre les universitaires, deux publics sont exemptés : ceux qui détiennent un Certificat d’Enseignement Secondaire Supérieur (CESS) obtenu avant le 30 septembre 2000, et ceux qui peuvent prouver une pratique professionnelle suffisante effectuée durant les 15 dernières années. Autrement dit, ce diplôme de gestion de base concerne surtout les jeunes.
Selon le ministre de l’Économie, Pierre-Yves Jeholet, il s’agit d’un frein à la création d’activité. Il a donc confirmé hier “la suppression des compétences de gestion jusqu’ici sollicitées pour l’accès à la profession”. L’entrée en vigueur de la mesure reste toutefois à déterminer. Au cabinet du ministre, on nous précise que cette suppression nécessitera un décret et qu’il faudra donc attendre plusieurs mois. Une entrée en vigueur au 1er janvier 2025 semble compromise.
Mais pour le libéral, cette mesure stimulera “l’entrepreneuriat et fera en sorte que plus de personnes créeront de l’activité et donc de l’emploi“. Le ministre ajoute que des formations en termes de gestion resteront disponibles, mais que cela se fera “sur base volontaire”.
Esprit d’entreprise
Pierre-Yves Jeholet ne se trompe pas quand il vise les jeunes. Une enquête publiée ce vendredi matin par SDWorx montre que “la moitié des jeunes Belges (moins de 25 ans) envisage de créer sa propre entreprise”. Chez les 25 à 34 ans, cette forte volonté retombe à 25%.
Une tendance que Xerius, le plus grand guichet d’entreprises pour les indépendants, confirme sur base des chiffres seffectifs de l’INASTI : c’est chez les moins de 25 ans que le lancement d’activités a le plus augmenté au cours des quatre dernières années (+8 %). “Dans les autres tranches d’âge, il n’y a pas d’augmentation”, précise Stéphanie Gowenko de Xerius.
Pourquoi cet appétit pour la création d’entreprises ? : “Ils ne sont généralement pas encore liés par des engagements financiers importants et sont donc plus enclins à prendre des risques et poursuivre leurs rêves d’entreprise“, explique Damien Dumortier, Team Leader du service dirigeants chez SD Worx.
Risqué ?
En supprimant le diplôme de gestion de base, la Wallonie ne fait que s’aligner sur la Flandre, qui l’a supprimé depuis longtemps, et Bruxelles, où il n’est plus nécessaire depuis l’année dernière.
Dans notre dossier dédié aux indépendants, au mois de juillet dernier, Sébastien Hamende, directeur pour la Wallonie et Bruxelles de Revival, une ASBL qui se concentre sur la fin de vie des entreprises et le rebond de l’indépendant, constatait que beaucoup d’indépendants ne connaissaient pas leurs obligations. “À cet égard, le diplôme de gestion n’a servi à rien et a manqué d’efficacité”, déplorait-il. Dans le même ordre d’idée, obtenir son certificat de gestion sur base de n’importe quel diplôme universitaire, qu’il soit issu de la chimie, l’éducation physique ou la psychologie, n’a pas beaucoup plus de sens.
Sébastien Hamende met toutefois en garde contre l’absence d’alternative efficace au diplôme de gestion de base. Le directeur plaide au contraire pour un accompagnement plus poussé des personnes qui voudraient se lancer.
La question de savoir si ces connaissances ne devraient pas être enseignées et obligatoires dans l’enseignement secondaire reste entière. Certains plaident même pour stimuler l’esprit d’entreprendre dès l’école primaire.
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