“Sans austérité” et “sans nouvelles taxes”, le gouvernement wallon présente son budget et doit aller convaincre Moody’s

Adrien Dolimont- BELGA PHOTO BRUNO FAHY
Baptiste Lambert

Les gouvernements wallons et de la Fédération Wallonie-Bruxelles étaient réunis au quasi grand complet pour présenter les fameux tableaux budgétaires réclamés à cor et à cri par l’opposition. La trajectoire budgétaire est désormais connue avec un premier effort de 268 millions d’euros, au niveau wallon, et de 110 millions à la FWB. Du côté du gouvernement wallon, on doit aller convaincre l’agence de notation Moody’s, qui vient de baisser sa perspective sur la dette wallonne de “stable” à “négative”.

Salle comble pour venir écouter les grandes lignes de la trajectoire budgétaire de la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Les deux gouvernements se sont affichés ensemble pour démontrer leur solidarité. Comme annoncé dans la DPR, la vision à long terme est de diviser par deux le déficit cumulé, d’ici 2029, et de parvenir à l’équilibre en 2034, le gouvernement wallon se montrant “solidaire” du gouvernement de la FWB, dont le déficit structurel sera stabilisé et non pas diminué, dans un premier temps.

Un effort limité

Par contre, la Région wallonne vise l’équilibre budgétaire dès 2029. L’effort consenti par le gouvernement wallon sera de 265 millions d’euros en 2025. Adrien Dolimont (MR), ministre-président wallon, insiste sur le fait qu’il s’agit bien d’un effort structurel cumulatif. On n’est donc pas sur des mesures “one shot”, mais sur des mesures qui se répercutent d’année en année, jusqu’au retour à l’équilibre.

Mais le libéral est formel : “Il n’y aura pas d’austérité ni de nouvelles taxes, contrairement à ce que certains ont voulu faire croire durant la campagne”, visant ici les socialistes et le PTB. Le gouvernement se concentre en fait à réduire la norme de croissance des dépenses. Et c’est vrai qu’on est assez loin du bain de sang : l’effort à fournir pour le reste de la législature est évalué à 2,2 milliards d’euros. Le gros du travail reste donc à déterminer.

“Le fait du prince”

Pour l’exercice 2025, l’accent a notamment été mis sur la fin de certaines subventions facultatives, à hauteur de 60 millions d’euros. C’est ce qu’on appelle parfois “le fait du prince”, quand un ministre peut décider de subventionner l’une ou l’autre ASBL, sans réel encadrement législatif.

Au niveau de l’administration, Jacqueline Galant (MR), ministre wallonne de la Fonction publique, le promet : aucun licenciement sec n’est prévu (il en ira de même dans l’enseignement en FWB). “En revanche, la fin des remplacements automatiques des départs à la retraite et le non-renouvellement de certains CDD devront être, temporairement, la norme”, a ajouté la ministre. Il y aura également une plus grande mobilité interne entre les agents. Au total, la rationalisation et la bonne gouvernance devraient permettre d’économiser 11 millions d’euros au niveau de la fonction publique.

Les coûts de fonctionnement du SPW (administration) et des UAP (Unité d’administration publique) devront aussi être réduits de respectivement 12 et 54 millions d’euros.

Wallonie Entreprendre

Au niveau des outils économiques, le ministre de tutelle, Pierre-Yves Jeholet (MR), a annoncé une diminution des moyens octroyés annuellement Wallonie Entreprendre, à hauteur de 45 millions d’euros. L’invest wallon devra faire mieux avec moins : “Il n’est pas nécessaire d’alimenter chaque année le groupe WE pour mener une politique de soutien aux entreprises”, a commenté le ministre. Il s’agit tout de même du 3e effort le plus important de l’exercice budgétaire.

Également au menu, la suppression de certaines indexations (APE) ou leur rabotage (la majoration de 1% du Fonds des communes).

Des mutualisations et des synergies au sein des agences de remise à l’emploi (CISP, MIRE, ALE et MDE) devront permettre de dégager 5,5 millions d’euros. Les aides économiques seront, elles, rabotées de 15 millions d’euros.

Entrevue chez Moody’s

Ce matin, l’agence de notation Moody’s a baissé sa perspective sur la dette wallonne de “stable” à “négative”, comme elle l’avait fait pour la Belgique, quelques jours plus tôt. Adrien Dolimont a indiqué qu’il rencontrera l’agence de notation “jeudi”, pour la convaincre de la solidité de cette trajectoire budgétaire.

Sinon quoi ? Ce n’est plus la perspective, mais la note de la dette wallonne qui se dégradera. Avec forcément plus de difficultés pour emprunter à un prix intéressant.

“Une dégradation entraîne le déplacement de la note vers une catégorie inférieure, ce qui déclenche des effets de seuil automatiques sur la demande d’obligations du pays par les grands investisseurs. Dans ce cas, il y a alors un effet à la hausse sur le taux d’intérêt“, explique Eric Dor.

Pour le moment, la Wallonie détient la note de A3, au contraire de la Flandre et de la Belgique, qui peuvent se prévaloir d’une note de Aa3, la dernière catégorie des AA. Si la Wallonie basculait vers A2, elle se placerait au niveau de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

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