Toucher aux allocations familiales : le MR brise un tabou dangereux

Yvan Verougstrate (Engagés) et Georges-Louis Bouchez (MR): un regard différent sur le conflit palestinien.
Baptiste Lambert

À l’heure des débats budgétaires, il ne faut “aucun tabou”, a souligné une nouvelle fois le président du MR, Georges-Louis Bouchez. Dans sa ligne de mire, les allocations familiales. Un système qui coûte effectivement de plus en plus cher, mais qui est à manipuler avec prudence : à l’heure de la dénatalité, toucher aux allocations familiales peut envoyer un mauvais signal économique.

“On va être obligé d’y toucher dans le budget wallon. Donc, j’essaie de préparer l’état d’esprit et de tester un peu les idées“. Ces mots, révélés par nos confrères du Vif, sont ceux de Georges-Louis Bouchez et proviennent de la réunion interne du parti de lundi dernier.

Ce lundi, dans La Dernière Heure, le président du MR persiste et signe, les allocations sont dans le viseur : “Il ne faut aucun tabou. C’est dans les plans.”

Une boule de neige

Là où le libéral n’a pas tort, c’est que les allocations familiales pèsent sur le budget wallon. Le système a été réformé en 2019 et mettait fin à l’ordre de rang qui accordait une allocation plus importante pour le troisième enfant. Désormais, un enfant égale un enfant.

À l’époque, les allocations familiales pesaient 2,3 milliards d’euros par an. Mais l’inflation et les indexations automatiques sont passées par là. Dorénavant, lenveloppe flirte avec les 3 milliards d’euros sur un budget total de 22 milliards d’euros. Une dérive de 700 millions d’euros en quelques années.

C’est ce qui a poussé le gouvernement wallon a reporté de deux mois les indexations, au grand dam de l’opposition. Gain espéré : une dizaine de millions d’euros. C’est maigre et on comprend donc pourquoi les libéraux veulent aller plus loin.

Un tabou

Le problème est que toucher aux allocations familiales est un tabou absolu pour leur partenaire de gouvernement : Les Engagés. En outre, il s’agit directement d’une compétence d’un ministre de leurs rangs : Yves Coppieters. Les députés centristes commencent à sortir du bois : c’est non.

Par le passé, Georges-Louis Bouchez a déjà évoqué la piste de supprimer les allocations au-delà du 4e enfant. À l’époque, l’économiste Philippe Defeyt, estimait que cette mesure ne concernait que 1% des enfants, soit 9.000 enfants sur un total de 910.000. De quoi épargner à peine 30 millions d’euros, et ce, sur le dos de familles souvent précarisées, car près de trois quarts des familles à plus de 4 enfants sont des familles modestes avec suppléments sociaux.

Plus fondamentalement, à l’heure de la crise de la natalité, toucher aux allocations familiales reste un signal économique dangereux et contraire au sens historique du système, pensé il y a plus d’un siècle. Sans enfant, impossible de financer la Sécurité sociale et d’alimenter la croissance. Le débat démographique est planétaire et revient au-devant de l’actualité : en Chine, en Russie, en Corée du Sud ou au Japon, on est désormais payé pour faire des bébés.

Plus de 18 ans

Reste que l’accord de gouvernement wallon (DPR) prévoit bien “une optimisation” des allocations familiales. Il est par exemple possible de plafonner les montants selon le niveau de revenus ou de réduire les suppléments sociaux (familles modestes). Mais peu de chances que ces deux mesures aboutissent.

Renforcer les conditions d’accès à partir de 18 ans semble plus plausible. Par exemple, entre 18 et 21 ans, on passerait d’un système semi-automatique (selon les revenus du jeune) à un système conditionné, comme entre 21 et 25 ans. Le système pourrait être durci : l’État continuera à verser les allocations si le jeune suit une formation ou poursuit des études. Mais il limitera ces allocations à 12 mois après la fin de la formation ou des études, ou durant le stage d’insertion des demandeurs d’emploi.

Ou alors, il reste la solution la plus simple techniquement mais qu’il faut assumer politiquement : geler l’indexation pendant une ou plusieurs années. La Flandre l’a déjà fait.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Expertise Partenaire