“On peut trouver des produits locaux qui préservent le portefeuille du consommateur”
Philippe Mattart, directeur général de l’Agence wallonne pour la promotion d’une agriculture de qualité (Apaq-W), souligne dans notre Trends Talk que la crise agricole marquera un tournant dans notre perception du marché de l’alimentation. Il évoque des outils pratiques pour adapter nos comportements.
Philippe Mattart, directeur général de l’Apaq-W, Agence wallonne pour la promotion d’une agriculture de qualité, est l’invité de notre Trends Talk, qui passe en boucle ce week-end sur Canal Z. L’occasion d’évoquer la crise agricole, qui a agité l’actualité ces dernières semaines, mais aussi l’action de son agence qui vise précisément à promouvoir les vertus des produits locaux de qualité.
Cette crise, que révèle-t-elle? “Cette crise nous a fait comprendre qu’il fallait impérativement nous réconcilier avec toutes les vérités du marché, dit Philippe Mattart. Le marché, ce n’est pas seulement un marché global avec des produits qui viennent d’un bout du monde et des produits qui viennent de l’autre bout du monde, avec un prix d’équilibre qui se fait entre les deux.”
Standards de qualité
Ce marché, il doit être régulé, corrigé et le consommateur informé de la qualité des produits: “Le marché a des vertus, prolonge le directeur général de l’Apaq-W, mais on doit le réconcilier avec l’ensemble de ses dimensions: tous les produits ne s’équivalent pas. Au travers du regard des agriculteurs, on a compris qu’il était incompréhensible de voir des produits venus d’ailleurs, vendus nettement moins chers alors qu’ils ne correspondent pas aux mêmes standards de qualité. Ce produit moins cher ne correspond souvent pas à des valeurs économiques, sociales, sociétales ou environnementales. Voilà ce que cette crise nous a appris.”
La fronde des agriculteurs pourrait marquer un tournant. “Au niveau européen, il faut se demander si l’agriculture n’a pas quelque chose d’exceptionnel, de différent des autres modes de production, et s’il ne faudrait pas soutenir les modes de production locaux.” L’agriculture wallonne, par essence, est marquée par cette volonté de produire en tenant compte de critères qualitatifs élevés.
Le travail de l’Agence wallonne pour une promotion de l’agriculture de qualité consiste précisément à mettre en valeur cette production, les circuits courts et le bio auprès des consommateurs, via la grande distribution ou les restaurants. “Notre rôle n’est pas de disqualifier la grande distribution et l’agro-alimentaire, que du contraire, souligne Philippe Mattart. On peut les rendre vertueusement complices des enjeux de l’agriculture.”
Produits locaux
L’Apaq-W se concerte avec les grands magasins pour donner de la visibilité aux produits locaux, en les mettant en évidence, en organisant des dégustations ou en menant un travail pédagogique. “On peut mettre en avant l’avantage compétitif du produit, qui n’est pas seulement le prix.”
Mais peut-on dépasser le facteur prix? “On sait que le consommateur va spontanément se tourner vers les produits les moins chers et se donner du pouvoir d’achat pour autre chose, reconnaît Philippe Mattart. Mais bien souvent, on peut trouver des produits locaux qui préservent le portefeuille du consommateur. Nous mettons à la disposition des consommateurs toute une série d’outils numériques, notamment de géolocalisation, pour en trouver près de chez eux. Nous avons notamment créé un label, “En direct de la ferme”, pour lequel nous avons obtenu l’utilisation des écochèques. C’est important.”
Dans notre Trends Talk, Philippe Mattart évoque encore les actions à l’égard de l’horeca, les résultats de l’Observatoire de la consommation ou l’impossibilité, au niveau européen, de défendre un label wallon. Un entretien à ne pas manquer.
Trends Talk
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