Verviers: “Nous ne retrouverons pas la densité commerciale d’il y a 20 ou 30 ans”
Verviers détient le triste record des commerces vides en Wallonie. Pour l’échevine des Affaires économiques Cécile Ozer, l’avenir passe par la requalification de certains bâtiments vers le logement, la culture ou les services.
Le nombre de cellules commerciales vides dans les centres urbains de Wallonie est remonté à 20% et rejoint ainsi son niveau d’avant-Covid, indique le baromètre du dynamisme commercial, réalisé par l’Association de management de centre-ville. Le « record » est détenu par la commune de Verviers avec 45,7% de cellules commerciales vides. Nous avons interrogé l’échevine des Affaires économiques et du Commerce de cette localité, Cécile Ozer (les Engagés).
Quand on est échevine du commerce, comment accueille-t-on des chiffres pareils ? Quel est votre état d’esprit ?
Evidemment, ce n’est pas très gai. Mais je note toutefois que Verviers est l’une des rares communes où le pourcentage de cellule vide a diminué (-0,9 pb, contre + 6,8% à Mouscron, 5,3% à Hannut ou 5,2% à Nivelles, ndlr). Nous devons aller de l’avant. Nous savons que nous ne retrouverons pas la densité commerciale d’il y a 20 ou 30 ans. Nous devons requalifier certaines cellules et accompagner les propriétaires pour adapter les bâtiments à d’autres activités. Ce n’est plus une politique purement commerciale, c’est de l’urbanisme, du logement, de la culture, etc. Ce sont tous les pôles qui, ensemble, doivent redresser la situation de la ville.
Qu’est-ce qui explique cet écart entre Verviers et les autres communes : 45% de cellules vides chez vous contre 28,5% à Charleroi, le deuxième dans ce palmarès ?
Verviers connaissait une situation compliquée comme la plupart des villes moyennes ou grandes. Le développement des commerces en périphérie s’est fait du détriment des centres-villes. Chez nous, les inondations de 2021 ont largement aggravé la situation. Tout le centre a été touché. Deux ans plus tard, des cellules sont encore en travaux, les demandes d’indemnisation traînent, tout cela joue bien entendu sur la densité et l’attractivité de notre tissu commercial.
Quels remèdes envisagez-vous pour enrayer la désertification commerciale ?
Avec le service de gestion du centre-ville, nous recensons les cellules vides et nous contactons les propriétaires. Parfois, le niveau des loyers n’est plus adapté à la réalité économique vécue par les commerçants locaux, il faut en discuter avec les propriétaires. Il y a aussi la question du revenu cadastral qui ne cadre plus toujours avec la situation actuelle.
Comme je le disais, nous devrons requalifier certaines zones et réduire la dimension de celles dévolues en priorité au commerce. Il faut accompagner les propriétaires dans les adaptations nécessaires en vue de donner une autre affectation à leurs biens.
Le même jour que cette étude sur les centres commerciaux paraissait une autre étude sur l’e-commerce, cette fois. Elle concluait à un net retard de la Wallonie sur ce plan, il n’y a donc pas de reconversion des commerces physiques vers le commerce en ligne. Est-ce la fin du petit commerce en Wallonie ?
Je ne dirais pas cela. L’e-commerce concerne surtout les grandes chaînes, que l’on retrouve peu dans les centres de nos villes. En revanche, je vois des nouveaux commerçants très dynamiques sur les réseaux sociaux et dont la communication commence à ramener du monde dans le centre. Ils ne font souvent pas ou peu d’e-commerce mais ils sont très actifs dans le monde digital.
C’est pour moi une source d’espoir, comme le sont aussi les nombreux projets en cours pour repenser le centre de Verviers. Nous avons obtenu les autorisations pour transformer l’ancien Grand Bazar -ce sont des cellules vides aujourd’hui- en une nouvelle cité administrative. Ramener des fonctions publiques dans le centre, c’est ramener des travailleurs qui vont consommer, faire des courses, se promener.
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