Marek Hudon: “Dans le plan de relance wallon, n’oublions pas les impacts sociétaux et environnementaux”
Une évaluation de l’Iweps est assez critique sur l’impact des projets sélectionnés en matière de productivité et d’emploi. Le professeur de Solvay insiste pour que l’on prenne en considération “ce qui fait société” ou les coûts cachés futurs, en matière d’environnement. Le drame espagnol vient de témoigner de la pertinence d’un tel débat.
Seuls 37 projets du plan de relance wallon sur 306 ont un réel effet sur l’emploi et la productivité: tel est, en grand résumé, l’analyse de l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (Iweps), après avoir passé ceux-ci au crible. D’ici la fin de l’année, la nouvelle majorité wallonne MR – Engagés devrait trancher et retenir les projets soutenables budgétairement. Marek Hudon, professeur à la Solvay Brussels Schools of Economics, soulève toutefois le débat du périmètre de cette analyse.
Que vous inspire cette analyse?
J’ai l’impression que l’on ne devrait pas limiter la méthodologie aux seuls critères de l’emploi et de la productivité. Le plan de relance n’a pas été conçu que pour cela, il offre une approche multidimensionnelle. Cela ne se limite pas à une approche à court terme, cela vise aussi le long terme, en reposant sur un projet sociétal et environnemental.
Concrètement?
Prenons l’exemple, des projets concernant la reméandration des cours d’eau ou les zones d’immersion temporaires: ce sont des enjeux majeurs pour faire face aux impacts du changement climatique. Si l’on veut éviter des frais importants consécutifs à des catastrophes, il faut agir en amont.
Il suffit de voir ce qui vient de se passer en Espagne, avec les inondations dans la région de Valence. Outre le drame humain que cela représente, le gouvernement espagnol va débourser dix milliards d’euros d’aide pour panser les plaies de ces immenses dégâts. De tels projets ont donc du sens, même si l’emploi et la productivité n’augmentent pas.
Ce sont des choix politiques?
Il ne faut pas laisser de côté le type de société que l’on veut construire. Dans l’après Covid, quand le plan de relance a été imaginé, cela avait toute son importance. N’oublions pas ce qui fait société en se limitant à une approche réductrice ne concernant que l’emploi et la productivité.
Bien sûr, il y a la question du budget wallon à remettre sur les rails, c’est légitime et je ne le conteste pas, mais cela ne doit pas nous empêcher de conserver cette vision multidimensionnelle. J’espère que ce débat aura lieu avant de trancher sur le futur du plan de relance.
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