Mais où sont les nouvelles politiques du gouvernement wallon ?

Pierre-Yves Jeholet, Adrien Dolimont et Francois Desquesnes - BELGA PHOTO BRUNO FAHY
Baptiste Lambert

Lors de la présentation du budget wallon, on a beaucoup parlé d’économies. Mais en y regardant de plus près, ces économies “indolores” laissent en fait très peu marge à de nouvelles mesures. Qui plus est quand on part avec un boulet de 250 millions d’euros de réduction des droits d’enregistrement au pied.

On a coutume de dire qu’une première année donne le ton d’une législature. Avec cette particularité que la situation budgétaire de la Wallonie ne permettait aucune folie. C’est pourquoi il a beaucoup été questions d’économies, lors de la présentation du budget. On peut toutefois regretter l’absence totale de nouvelles politiques se concentrant sur l’économie, l’investissement ou l’emploi wallon. Regardez plutôt.

Que disent les tableaux budgétaires ?

  • Côté dépenses, on retrouve une enveloppe qui va passer de 40 à 80 millions d’euros pour la prévention et la promotion de la santé de l’AVIQ, ce qui doit, in fine, permettre d’éviter des coûts futurs dans les soins de santé. Fort bien.
  • Une autre mesure se concentre sur la préservation de l’indexation des allocations familiales. Les Engagés y tenaient aussi très fort.
  • Au niveau de l’infrastructure, 184 millions d’euros seront consacrés aux ouvrages d’art. Autrement dit, à des ponts et des tunnels. Indirectement, ça dégagera des moyens pour nos routes. Ça ne fera pas de mal.
  • Concernant la petite enfance, le gouvernement wallon ajoute 7 millions d’euros en faveur de la rénovation des crèches. C’est bien, pour un secteur en crise.
  • Au niveau de l’Agriculture, 17,5 millions d’euros sont dégagés pour faire face à la crise de la “langue bleue”. Une dépense qui était imprévue.
  • Et puis bien sûr, l’éléphant dans la pièce : la réduction des droits d’enregistrement qui bouffera 250 millions d’euros pour ce budget 2025.

Avouons qu’en matière de relance économique, on a déjà connu des mesures plus impactantes. Et bien entendu, l’opposition n’aura pas manqué de le pointer du doigt : “Nous n’avons toujours aucune mesure de création d’emploi et de soutien au redéploiement économique de la Wallonie“, a déploré la cheffe de groupe socialiste, Christie Morreale, tout en fustigeant, comme le PTB et Ecolo, les mesures d’économies.

Des économies assez ambitieuses ?

Dans la perspective d’une réduction du déficit, ce sont pourtant ces mesures d’économies qui auraient permis de dégager plus de moyens. Mais en voulant éviter les mots “austérité”, “bain de sang”, lancés durant la campagne par l’opposition, et en passant par une transition budgétaire “indolore”, la nouvelle majorité wallonne s’est finalement laissée très peu de marge de manœuvre pour mener de nouvelles politiques.

À cet égard, le poids de la réduction des droits d’enregistrement n’a certainement pas aidé. Et si on y ajoute quelques casseroles de la précédente législature, comme l’amortissement de la dette, le déficit augmentera de 2,2 milliards d’euros en 2024 à 2,363 milliards d’euros en 2025, ce qui est passé relativement inaperçu. Ça veut tout simplement dire qu’un effort de 2,3 milliards reste à produire sur les 4 années suivantes. C’est en tout cas l’objectif pour être à l’équilibre budgétaire en 2029. Ce qui n’aidera sûrement pas à réaliser de nouvelles politiques.

En fait, les seuls montants alloués au redéploiement économique pourraient être issus du Plan de relance, à hauteur de 1,2 milliard d’euros en 2025. Tout en sachant qu’il s’agit de montants qui étaient déjà engagés. Il semble toutefois qu’un premier écrémage ait eu lieu : “C’est 470 millions d’euros de moins que prévu”, note Christie Morreale.

La nouvelle majorité a toujours dit qu’elle ferait une évaluation complète de ce plan. Et que cette évaluation est toujours en cours. Ce budget montre en fait que 2025 sera surtout une année d’évaluation. Un travail certainement nécessaire, mais qui coûte un cinquième de la législature : la majorité azur n’a pas un temps éternel pour mener la “politique basculante” qu’elle a appelée de ses vœux.

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