Made in Charleroi: “Un moment clé pour le redéploiement de la ville”
Deux jours durant, un événement réunira les entreprises phare de la ville, des étudiants et des centres de formations. Les défis restent colossaux, mais l’envie est grande de faire rêver à nouveau. Hakima Darhmouch, co-organisatrice, et Julien Dugauquier, directeur du nouveau campus carolo, en parlent avec une passion positive.
On a connu Hakima Darhmouch présentatrice du journal télévisé de RTL-TVI et journaliste passionnée. On la retrouve consultante en communication, accompagnant des entreprises et des événements dans le monde économique. Ces 5 et 6 février, au coeur du campus du nouveau campus de la ville, elle sera co-organisatrice et marraine de l’opération de Made in Charleroi, qui réunira tous les acteurs de la métropole autour d’un défi commun: participer à son redéploiement et convaincre les jeunes de s’engager en ce sens.
Pour briser les clichés à l’égard de la Ville noire, aussi.
“Induire un cercle vertueux”
“Made in Charleroi, c’est un événement qui vise à induire un cercle vertueux, souligne Hakima Darhmouch. C’est un moment essentiel qui vise à connecter des entreprises avec des jeunes de fin de secondaire ou du supérieur et des institutions de formation, dont le nouveau campus universitaire Zénobe Gramme, inauguré en septembre dernier. C’est gratuit, pendant deux jours. On y retrouvera des entreprises qui ont envie de conquérir le monde, qui ont besoin de ressources et qui ont envie d’encourager les étudiants à embrasser des filières techniques ou scientifiques. Le message est positif: ‘j’ai une volonté d’expansion, aidez-moi à réaliser mon rêve et à valoriser toute une région et tout un pays’.”
Made in Charleroi entend démontrer que l’on peut désormais grandir à Charleroi, étudier à Charleroi et travailler à Charleroi. “Mais j’ai envie d’ajouter que l’on peut aussi y créer une carrière internationale et revenir pour y apporter une valeur ajoutée, ajoute la marraine. Pour des étudiants, c’est positif de voir que l’on peut décrocher un diplôme, pas forcément universitaire d’ailleurs, qui permet de grandir au sein d’une entreprise. Cela ouvre des perspectives.”
Hakima Darhmouch dit être un “électron libre” qui suite avec curiosité la dynamique carolo. Mais cette ville fait également partie de son histoire. “J’observe ça avec un regard attentif parce que je suis la fille d’un ouvrier de Cockerill-Sambre arrivé du Maroc en 1974, qui a travaillé à Charleroi dans la sidérurgie, avant d’étudier la chimie industrielle à l’université du travail, puis de l’eneigner, raconte-t-elle. Il me raconte souvent ce Charleroi de la fin des années 1970 et 1980. Aujourd’hui, je lui raconte cette évolution, ce Charleroi des années 2020 qui bouge. Il n’y a pas de naïveté dans mon propos, les défis sont colossaux. Le taux d’emploi à Charleroi est un peu plus de 53%. Mais on doit reconnaître et souligner qu’il y a une vraie volonté de redynamiser une zone qui souffre beaucoup de clichés, parfois de constats durs ou réels. Et c’est fort de voir les entreprises y participer.”
“Une dynamique de longue haleine”
Julien Dugauquier, directeur du centre universitaire Zénobe Gramme, insiste sur la lame de fond en cours dans la ville. “Le projet s’inscrit dans une dynamique de longue haleine à Charleroi, souligne-t-il. Le plan Catch visait à catalyser les énergies après la longue descente aux enfers de la désindustrialisation de Charleroi. Cette cellule, menée durant quelques années par l’actuel secrétaire d’Etat fédéral Thomas Dermine, consistait à créer des écosystèmes économiques vertueux.” On retrouve cet élan au coeur de l’événement.
Made in Charleroi met l’accent sur quatre secteurs d’avenir. Le transport, avec de gros pourvoyeurs d’emplois comme Alstom, Infrabel ou la SNCB. L’aérospatial, un secteur en expansion, avec la Sonaca, la Sabca, Thales et Aerospacelab, qui installera sa gigafactory à Marcinelle. “Moi qui ai grandi à Marcinelle, je peux vous dire que je suis content de les voir s’installer dans ce quartier peu grâcieux, sourit Julien Dugauquier. Ce sont des secteurs qui engagent des profils de pointe. Les sciences exactes, l’ingénieurerie et les sciences industrielles sont au coeur de nos enseignements sur le campus de Charleroi. S’ajoute à cela les biotechnologies, avec l’écosystème du Biopark: il continue à se développer avec quelque 200 petites entreprises, Univercells. Enfin, le digital, dont nous sommes très fiers à Charleroi, avec Dream Work qui sera présent et la maison-mère Dupuis. Et je ne veux pas oublier le secteur du Gaming, avec un nombre impressionnant de PME en Wallonie.”
La volonté consiste, aussi, à réconcilier enseignement et économie. “Au cours de Made in Charleroi, l’élève du secondaire qui ne sait pas trop ce qu’il veut faire rencontrera des secteurs de pointe et trouvera des études supérieures pour y arriver. Nous nous associons avec la Cité des métiers, un centre d’orientation pour les élèves à la sortie du secondaire.”
Le défi, oui, est colossal. “Le taux de diplomation supérieure avoisine les 16% dans la région de Charleroi, contre 26% en Wallonie et 30% en Belgique, souligne le directeur. Quand on a une volonté de développement dans des secteurs de pointe, il y a clairement un problème d’adéquation. Pourtant, il y a un attachement au territoire. Notre objectif, c’est de diminuer ce fossé dans les dix ans. A l’ouverture du campus de Charleroi, nous avons 4000 étudiants, en grande majorité des Carolos qui n’auraient pas osé franchir la porte de l’université auparavant.”
Lien vers l’inscription à l’évènement : https://www.eventbrite.be/e/billets-made-in-charleroi-776218028017?aff=oddtdtcreator
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