Les pensions, une épine dans le pied des communes wallonnes

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Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

Lors de la prochaine mandature communale, les pouvoirs locaux devront répondre à trois défis majeurs, selon un récent rapport de Belfius. Parmi eux, l’augmentation de la charge des pensions, qui pèse sur les dépenses…

Crise du Covid, inflation, hausse des taux d’intérêt, hausse des coûts salariaux et de construction, crise de l’énergie… Malgré un contexte difficile, les pouvoirs locaux ont su faire preuve de résilience ces dernières années, ressort-il d’une étude présentée par la banque Belfius ce jeudi. Mais la tempête est loin d’être passée, et les nouvelles équipes dirigeantes ne peuvent donc pas encore dormir sur leurs deux oreilles. Une donnée, en particulier, risque de poser de gros problèmes aux communes: les pensions. Et pour cause: la facture s’alourdit…

Des dépenses inhabituellement élevées

7,2 milliards d’euros, soit 1.959 euros par habitant, telles sont les dépenses ordinaires enregistrées par les communes lors des budgets 2024. Au total, les dépenses ont progressé à un rythme de 7,1% en moyenne par an, au cours des six dernières années. Mais c’est en 2023 qu’elles ont été les plus importantes, notamment en raison de la flambée de l’inflation et de l’évolution galopante des coûts énergétiques.

Inflation oblige, les communes ont également été confrontées à une importante progression des coûts du personnel, suite à l’indexation. Les pouvoirs locaux ont en effet été confrontés à 10 dépassements de l’indice pivot, engendrant une indexation supplémentaire de 2% des salaires et cotisations.

Au-delà de ça, le poids toujours plus élevé des pensions du personnel statutaire a également joué son rôle dans l’augmentation des dépenses. Les charges des pensions ont progressé en moyenne de 11,5% par an et représentent désormais 14% des dépenses de personnel totales.

L’enquête Belfius montre que plus de 80% des gestionnaires locaux considèrent que la facture des pensions sera certainement un enjeu important lors de la prochaine mandature. Si pas l’enjeu numéro un…

La problématique des charges de pensions

À l’origine du problème? Outre le fait que la charge des pensions des fonctionnaires statutaires augmente, celle-ci est également supportée par une masse de plus en plus réduite de fonctionnaires actifs. Les statutaires (cotisants) sont en effet de plus en plus remplacés par des contractuels (émargeant au régime général des pensions).

«  Les communes doivent consacrer des ressources croissantes pour continuer à garantir ces pensions – qu’elles supportent financièrement totalement elles-mêmes dans le cadre d’un système de répartition fermé », explique Belfius.

Même les projections du Service fédéral des Pensions inquiètent. La seule cotisation de responsabilisation (qui s’ajoute aux cotisations de base, elles-mêmes déjà majorées) à charge de l’ensemble des communes, provinces et CPAS wallons aurait progressé de 143 millions d’euros en 2019 à 327 millions en 2024 (soit près de 130%). « Compte tenu des hausses encore attendues du taux de responsabilisation, elle devrait encore progresser davantage au cours de ces prochaines années pour s’établir à 569 millions EUR en 2028 », précise Belfius dans le rapport.

Encore du boulot

Jusqu’à présent, les autorités ont su sauver les meubles. Notamment grâce à un programme d’aide financière, « Oxygène », qui a permis de préserver l’équilibre budgétaire de certaines grandes villes. Mais il y a encore du pain sur la planche et la prochaine législature devra certainement faire de cet enjeu l’une de ses priorités.

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