“Un changement de culture qui prendra du temps” : les gouvernements wallon et de la FWB fixent le calendrier du “choc de simplification administrative”

Adrien Dolimont, Jacqueline Galant et Pierre-Yves Jeholet - BELGA PHOTO BRUNO FAHY
Baptiste Lambert

Après une première présentation à l’automne dernier, le gouvernement wallon et le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont voulu montrer que leur exercice transversal était du concret. Mais la plupart des mesures n’interviendront pas avant plusieurs mois, voire plusieurs années.

Les deux gouvernements étaient à nouveau réunis au grand complet. “On a tenu notre promesse”, a commencé Adrien Dolimont (MR), le ministre-président wallon. Ils s’étaient engagés à présenter les premiers résultats du choc de simplification administrative à la fin du premier trimestre. Nous y sommes.

Rappelons que l’exercice est transversal, à réaliser dans chaque département ministériel. Le tout est coordonné par la ministre de la Fonction publique et de la Digitalisation, Jacqueline Galant (MR), qui a rappelé quelques grands principes : l’administration doit s’orienter client, elle doit réduire la paperasse et les délais de traitement, rendre les démarches plus accessibles et compréhensibles, et enfin, réduire et mieux cibler les différents contrôles. “On doit faire confiance aux usagers”, a lancé la ministre libérale.

Le but de tout ceci est bien sûr de faciliter la vie des citoyens, des entreprises et des administrations elles-mêmes. “On avance dans la bonne direction”, se persuade le ministre-président.

Trois leviers

“Il faut un changement de culture, plaide Jacqueline Galant. C’est un mot fort, mais nous ne pouvons pas plus nous satisfaire d’excuses. Il faut réussir là où tant ont échoué”. Le premier levier mettra en place “un nouveau modèle de management public”. Les nouveaux managers seront recrutés tant dans le secteur privé que dans le secteur public, “uniquement sur base de leurs compétences et expérience managériale. Les agents seront responsabilisés, y compris financièrement, avec une culture de résultats,”, a ajouté la ministre, sans en dire plus. On sait que la suppression du Certificat de management public vise à faciliter le recrutement de travailleurs issus du privé, mais c’est contesté par l’opposition qui y voyait une preuve de compétences.

Le deuxième levier est la modernisation de l’administration. “Est-il normal, en 2025, en Wallonie, que les entreprises passent plus de temps à gérer la paperasse et à discuter avec l’administration qu’à créer de l’emploi ? Est-il normal que faire une déclaration administrative soit plus stressant que de faire une déclaration d’amour ?”, s’est demandé la ministre, provoquant quelques rires. Il est question de dématérialiser les démarches, rationaliser les sites internet et les plateformes en ligne, développer des outils numériques, modernes et transversaux (formulaires préremplis, guichet unique et personnalisé, plateforme unique de subsides), et enfin, réduire, réorganiser et rationaliser les structures administratives.

“Il faut oser l’ambition et le bon sens”, a résumé la ministre. À ce stade, difficile d’y voir autre chose qu’un slogan. C’est pourquoi la libérale veut s’appuyer sur un troisième levier : des mesures concrètes et un calendrier précis. Chaque ministre a d’ailleurs présenté une trentaine de cas concrets réalisés ou à venir. Mais au travers des différents exemples, on se rend compte que c’est souvent la 2ᵉ option.

Automatisation des réductions du précompte immobilier, permis d’urbanisme, fusion des GRD…

Adrien Dolimont, qui est aussi ministre des Finances, a parlé d’une automatisation de la réduction du précompte immobilier, mais qui n’interviendra pas avant fin 2026. Le ministre de l’Aménagement du territoire, François Desquesnes (Les Engagés) a mis sur la table la dématérialisation complète du permis d’urbanisme, mais pas avant 2026. Il en ira de même pour le permis environnement, mais pas avant 2027.

De son côté, le ministre du Logement et de l’Énergie, Cécile Neven (MR), a mis sur le métier sa réforme du soutien à la rénovation qui doit offrir plus de lisibilité, “avec 4 régimes et plus de 120 primes actuellement”. Mais sa présentation n’interviendra pas avant l’automne prochain pour une concrétisation fin 2026. Le “lancement” de la fusion des GRD est, lui, également annoncé pour 2026, avec une date de concrétisation encore inconnue.

Plusieurs ministres ont aussi présenté des “quick wins. C’est le cas du ministre de l’Économie, Pierre-Yves Jeholet (MR), qui indique pour juin 2025 une simplification et une accélération des primes à l’investissement. “En simplifiant par exemple la grille d’évaluation ou en supprimant l’obligation de la norme environnementale DNSH. Je vous rassure, on s’inscrit dans la transition, mais le but est de ne pas aller au-delà de ce que nous impose l’Europe”.

Bref, “ce choc de simplification prendra du temps”, a reconnu Jacqueline Galant. “On ne peut pas changer les règles du jeu immédiatement“, a abondé Élisabeth Degryse (Les Engagés), la ministre-présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles, expliquant que les plus grosses mesures nécessiteraient des changements de législations. “Or, changer un décret, ça prend 6 à 9 mois. Ça me parait important de le préciser à la population”, a-t-elle conclu.

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