Les dessous du bras de fer politique wallon entre Ecolo et MR sur les Pfas et polluants

Jean Marc Nollet, coprésident d'Ecolo, défend sa ministre.
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les écologistes veulent des normes plus dures et un travail à la source des industries. Mais ils sont fragilisés. Les libéraux ne lâcheront pas le morceau avec Céline Tellier, dont la responsabilité est engagée.

Entre libéraux et écologistes, les relations sont à couteaux tirés. Refrain connu, tant les deux formations politiques marchent en partie sur les mêmes platebandes électorales.

Dans le dossier des Pfas, ces polluants dont la concentration était trop élevée dans l’eau, MR et Ecolo combattent à fleurets non mouchetés. La position de la ministre wallonne de l’Environnement, Celine Tellier (Ecolo), est intenable, mais les verts ripostent en épinglant la responsabilité des bleus, à la source. Un match préélectoral qui risque de virer… au match nul.

En attendant, de nouvelles auditions devraient avoir lieu en fin de semaine, qui risquent d’amplifier le malaise à l’égard de la ministre.

La responsabilité politique de Tellier

En commission du parlement wallon, mardi, le député libéral Olivier Maroy a parlé du “summum de l’indignité” dans le chef de la ministre, en évoquant le manque de transparence et l’absence de réponse pour les riverains. Des mots très durs. Son président de parti, Georges-Louis Bouchez (MR), avait déjà tiré au bazooka: “Assumer ses responsabilités est compliqué pour certains. De nombreuses questions restent sans réponse et devront être éclaircies dans les prochains jours.”

La prestation de la ministre pour se défendre n’a pas convaincu tout le monde et la pression reste grande. Au coeur de la polémique: la question de savoir si Céline Tellier était informée du risque pour les habitants et si elle en a pris la mesure. Un “mail brut” avait été envoyé à un collaborateur du cabinet ministériel, avec un tableau Excel, sans que rien ne sonne vraiment l’alarme, prétend la ministre. Le mail en question était pourtant assez clair: “Au regard des premiers résultats transmis pour l’année 2022, nous constatons des dépassements systématiques de la norme en PFAS de 100 ng/l reprise dans la Directive 2020/2184 sur la qualité des eaux.”

Toujours est-il que c’est l’expert de la ministre qui en a payé les pots cassés. Il a été écarté en raison d’un défaut de vigilance et parce qu’il n’a pas eu la lucidité politique de réagir, même si les normes européennes de référence n’étaient pas encore entrée en vigueur. C’est l’argument de la ministre et cela veut tout dire… Les députés de l’opposition réclament toutefois des auditions supplémentaires et au sein de la majorité wallonne, cela tangue.

Un accord était en vue, ce mercredi, pour de nouvelles auditions en commission du parlement, vendredi, notamment des responsables de la SWDE. “Je ne comprends pas que Céline Tellier ne comprenne pas que sa gestion pose problème, nous dit Olivier Maroy. On parle de douze mille personnes qui ont des raisons de s’inquiéter de l’eau qu’elles ont bue et personne ne les a prévenus. C’est une question de santé majeure, des responsables politiques ont démissionné pour moins que cela.”

Et Olivier Maroy d’ajouter: “J’ai mal à ma Wallonie! Comme après les inondations, on constate un manque de conscience professionnelle. Avec ce qui s’est passé et la psychose que cela peut engendrer das la population, tout le monde devrait être sur le pont et assumer ses responsabiltés.” Ce n’est pas le cas.

“Ne pas se tromper de responsabilité”

Ce mercredi matin, le coprésident d’Ecolo, Jean-Marc Nollet, est venue une nouvelle fois au secours de Céline Tellier sur la RTBF. Son message: “Il ne faut pas se tromper de responsabilité.” Cela rejoint la communication de Céline Tellier, qui affirmait au parlement que la volonté d’écologiste de décider de normes wallonnes pour les Pfas, avant l’entrée en vigueur des normes européennes, avait été écartée. Et que dans ce dossier comme dans celui des polluants, il faut prendre le mal à la racine: en sanctionnant les industries qui produisent ces substances nocives. Le fameux principe du “pollueur-payeur”.

Bref, on tente de renvoyer la balle aux bleus.

La responsabilité aujourd’hui vient des pollueurs et des conservateurs qui ne veulent pas faire évoluer les règles européennes, souligne Jean-Marc Nollet. On ne réglera ce problème qu’en travaillant à la source. C’est-à-dire au moment où ces substances chimiques sont introduites sur le marché. C’est trop facile de demander à David d’interdire l’utilisation, mais de permettre à Goliath de déverser en permanence des polluants chimiques sur le marché.”

C’est vrai, sur le fond, il faut y travailler. Mais n’est-ce pas aussi un écran de fumée pour tenter de masquer la responsabilité politique d’une ministre, ici et maintenant?

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