“Le problème des centres-villes wallons est un problème d’urbanisme et pas commercial”
Rue commerçante épuisée par l’arrivée de gros centres commerciaux, commerce à remettre en augmentation dans les centres-villes wallons et désenchantement des indépendants… le portrait de l’activité commerciale est plutôt morose. La faute au centre commerciaux ?
Comment redynamiser les centres-villes ?
La question en taraude plus d’un tant la proportion de cellules commerciales vides est en progression constante.
Mais la situation actuelle est-elle pour autant dramatique ?
“Dramatique certainement pas”, assure Jean-Luc Calonger, fondateur et responsable de l’AMCV, l’association du management des centres-villes. “La plupart des centres-villes wallons sont plutôt confrontés à un problème d’urbanisme plutôt que commercial”, observe-t-il.
Des situations différentes entre les Régions
Dans les centres-villes wallons, le taux de cellule vide n’a cessé d’augmenter depuis les années 2000. “Aujourd’hui on tourne autour de 20% de cellules vides alors que l’on était à 9% fin des années 90”, ajoute le responsable. Une situation un peu différente à Bruxelles où ce taux s’approche des 12%. La Flandre a également mieux résisté au développement du commerce en périphérie. “L’aménagement du territoire est également plus rigoureux en Flandre”, note Jean-Luc Calonger.
La Wallonie a longtemps développé ces centres commerciaux en périphérie en réponse au déplacement de la population vers la campagne. “Les gens ont privilégié des villas et des jardins et délaissés le centre-ville, c’est de là qu’est venu ce fort développement des commerces en périphérie”, analyse le fondateur de l’AMCV.
Secteur peu rentable
Rappelons que si les pouvoirs régionaux n’ont pas empêché ce développement d’activité, ce sont les privés qui l’ont initiés. “C’est ce qu’on appelle la financiarisation du retail”, pointe Jean-Luc Calonger.
Ce qui était à l’époque une aubaine pour les promoteurs immobiliers n’est plus aujourd’hui. “Je vous invite à jeter un coup d’œil sur les cours de bourses d’Unibail-Rodamco”, explique le responsable qui précise que le cours sur 20 ans a perdu près de 50% de sa capitalisation boursière.
“La Banque européenne a également attiré l’attention sur le risque de surévaluation des portefeuilles des sociétés spécialisés en immobilier commercial”, poursuit-il. “Pour les investisseurs, ce n’est plus un secteur porteur.”
Nouvelle concurrence
Pour le responsable, les centres commerciaux sont un concept déjà vieillissant. “Les centres-villes wallons ne doivent certainement pas essayer de les concurrencer pour se redynamiser”, assure-t-il.
Ce qui fait la force des centres-villes ?
Des nouveaux commerçants qui travaillent dans un secteur de niche ou offre des produits très qualitatifs. “Ceux-là ont réinventé leurs activités, ils travaillent énormément sur les réseaux sociaux et en ligne”, poursuit le responsable. “C’est une nouvelle génération de commerçants qui décident d’ouvrir uniquement lorsque c’est rentable de le faire.”
Pour Jean-Luc Calonger, l’e-commerce n’est dès lors pas un obstacle au développement des commerces mais bien un atout. “Cela leur permet de rester en contact avec leur communauté et de développer un lien”, affirme-t-il. “Et vous ne verrez jamais ce type de commerce dans un centre commercial.”
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