Le nombre d’emplois publics fait souvent débat au sud du pays. Dans l’émission Trends Talk, sur Trends Z, une petite phrase de Frédéric Panier (AKT) a remis le feu aux poudres : “Il y a seulement 21 emplois privés en Wallonie pour 100 habitants, contre 29 en Flandre. Une différence de 40%”.
La semaine dernière, le CEO du patronat wallon appelait le gouvernement wallon à ne pas réduire l’aide aux entreprises, dans l’émission Trends Talk. L’exécutif est en plein conclave budgétaire et doit effectivement se serrer la ceinture pour retrouver progressivement une trajectoire à l’équilibre.
“Un chiffre m’interpelle, a expliqué Frédéric Panier : il y a 21 emplois privés en Wallonie pour 100 habitants, contre 29 en Flandre. Il faut aller changer la situation. Or, nous n’y arriverons pas si l’on réduit maintenant l’investissement dans l’économie. Si l’on regarde le budget wallon total, c’est moins de 5 % qui est dépensé dans l’aide directe à l’activité économique. Réduire cette proportion, ce serait se tirer une balle dans le pied”.
“La Wallonie ne souffre pas d’un excès d’emplois publics”
Cette séquence a relancé un vieux débat en Wallonie : le nombre supposé trop important d’emplois publics par rapport au nombre d’emplois privés. Ce qui a fait bondir la cheffe de file du PS au Parlement wallon, Christie Morreale, sur LinkedIn : “Contrairement à une idée reçue, la Wallonie ne souffre pas d’un excès d’emplois publics”, assure la députée, étude à l’appui.
Cette étude, il s’agit de celle des experts en finances publiques, Jean Hindriks et Alexandre Lamfalussy, publiée l’année dernière pour l’Itinera Institute. Elle part du constat que l’emploi public pèse 27% de l’emploi en Wallonie et même 33% pour Bruxelles, contre 17,3% en Flandre.
“Mais ces écarts doivent être nuancés, explique Christie Morreale : une part plus élevée d’emplois publics ne signifie pas qu’il y en a “trop”, mais souvent que le nombre total d’emplois est plus faible.” Ce que montre effectivement l’étude, c’est que le nombre d’emplois publics par habitant est comparable entre les régions : “En 2022 on dénombre 11,1 emplois publics pour 100 habitants en Wallonie contre 10,4 emplois publics pour 100 habitants en Flandre et 7,7 emplois publics pour 100 habitants à Bruxelles.”
Pas assez d’emplois privés
“En clair : le problème n’est pas un excès d’emplois publics, mais un manque d’emplois privés“, conclut la socialiste, qui oublie toutefois de préciser qu’au niveau des pouvoirs locaux, il existe bel et bien une différence régionale importante : “7,9 ETP pour 1000 habitants en Flandre contre 11,2 ETP en Wallonie et 13,8 ETP à Bruxelles (soit presque le double de la densité administrative locale de la Flandre)”, précise l’étude.
Mais la députée n’a pas tort quand elle évoque un manque d’emplois privés. Elle en conclut que “l’enjeu pour la Wallonie n’est donc pas de réduire le nombre de fonctionnaires, mais bien d’accroître le nombre d’emplois privés“.
Selon la socialiste, “il est temps d’arrêter de stigmatiser l’emploi public. Le redéploiement wallon passera à la fois par la valorisation des emplois publics et la création d’emplois privés de qualité.”
C’est pourquoi la socialiste plaide à la fois un soutien actif aux PME et TPE, mais aussi aux investissements publics.