La Wallonie va, enfin, concentrer ses efforts de recherche

recherche et développement
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Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

Cinq centres actifs dans le domaine des matériaux innovants vont se regrouper. A la clé, une aide de 40 millions d’euros et une taille critique pour intégrer de grands projets de recherche européens.

La rationalisation et les synergies entre les organismes publics, c’est une sorte de mantra chez le ministre de l’Economie Willy Borsus (MR). Après la fusion des outils financiers de la Région (Wallonie Entreprendre), il s’attaque maintenant aux 19 centres de recherche agréés dispersés à travers la Wallonie. « Près de la moitié de ces centres travaillent sur des thématiques proches, si pas similaires, explique-t-il dans un communiqué. Cela aboutit à une dispersion des ressources (humaines, financières, infrastructures, équipements de pointe) induisant l’absence d’une réelle force de frappe. » Trop petits, ces centres passent un peu trop souvent en-dessous du radar des financements européens.

Ces 19 centres ne se sont pas construits au hasard. Certains ont été créés par les secteurs économiques, d’autres mis en place par les financements européens Objectif 1 (pour compenser le déficit du Hainaut en matière de recherche), d’autres encore ont été imaginés par des acteurs locaux. Ils ont des modes de gouvernance très différents, ce qui rend les rapprochements plus délicats. Mais pas impossibles pour autant.

Willy Borsus
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Willy Borsus a décidé de lancer l’aventure avec le secteur des matériaux innovants et circulaires, qui correspond à l’une des thématiques de la stratégie de spécialisation intelligente de l’industrie wallonne et auquel neuf centres agréés peuvent potentiellement se rattacher. Cinq d’entre eux -ou plus exactement 4 +1- ont décidé de franchir le pas. Quatre centres basés au cœur du Hainaut regrouperont leurs forces : Certech (chimie), CRIBC (céramique, verre, réfractaire), INISMa (céramiques, sols et matériaux) et Materia Nova (matériaux). Une coupole réunira cet ensemble au CRM (centre de recherches métallurgiques), basé à Liège et qui a les géants de la sidérurgie dans ses instances.

Une fameuse carotte a facilité ce rapprochement : une aide de 40 millions d’euros sur trois ans, sous forme d’un financement en bonne part structurel. Une petite révolution dans le monde des centres de recherche wallons qui ne bénéficiaient jusqu’ici que de financements ponctuels pour leurs projets de recherche. C’était clairement un handicap pour les centres wallons par rapport à leurs homologues européens, qui reçoivent tous des dotations structurelles.

Le ministre de l’Economie est convaincu qu’en se groupant, les centres de recherche wallon atteindront un niveau (on parle ici de plus de 300 personnes) suffisamment visible au niveau européen et pourront ainsi capter un maximum de financements européens. « Nous sommes enchantés de l’initiative, concède Luc Langer, directeur de Materia Nova. Cela évitera d’une part de multiplier inutilement les équipements et, d’autre part, cela nous rendra plus performants pour répondre aux appels à projets européens. Nous pourrons désormais dédier des ressources à une présence dans les associations et groupements qui définissent ces appels. »

La massification du centre de recherche wallon sur les matériaux innovants pourra encore s’étendre à l’avenir. Le Centre Terre et Pierre (Tournai) a en effet demandé dans un premier temps le statut d’observateur tandis que les centres sectoriels Sirris (Agoria, industrie technologique) et Centexbel (textile) réfléchissent à la manière d’articuler leurs activités au niveau fédéral avec cette réorganisation au niveau wallon.

« En fonction de l’évaluation de cette première opération de massification, une modification structurelle des bases légales pourra être envisagée afin de prévoir la réplicabilité à d’autres thématiques », précise le ministre de l’Economie. Il annonce dans la foulée une révision des critères d’agrément des centres de recherche, avec l’instauration d’indicateurs de performance dans les taux de subvention.

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