La Région wallonne doit-elle sauver le Standard de Liège?

La grogne ne cessait de monter au Standard contre le propriétaire américain. BELGA PHOTO BRUNO FAHY © Belga
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Une intervention publique n’est pas exclue par le ministre de l’Economie, Willy Borsus. Un choix difficile à justifier, a priori. Mais le club est, aussi, un symbole important.

Il faut tout faire pour sauver le Standard de Liège. Confronté à une situation financière délicate, le club de football liégeois est surtout lâché par son propriétaire américain, le fonds d’investissements américain 777 Partners. Ce dernier, déjà peu présent dans la Cité ardente, a finalement décidé de se restructurer et d’abandonner son aventure footbalistique. En clair, le Standard cherche à nouveau repreneur.

Les supporters sont en ébullition. Après avoir empêché le dernier match contre Westerlo, les Ultras continuent la bataille. Car la question est désormais ouvertement posée: le Standard pourrait-il disparaître?

“Pas complices de 777”

Les membres du conseil d’administration ne savent plus à quel saint se vouer. Ainsi en est-il de son président, l’Ecolo Jean-Michel Javaux, qui a annoncé sa démission, avant de reprendre son bâton de pèlerin. “Nous ne sommes pas complices de 777″, lance-t-il, sans forcément convaincre.

Jean-Michel Javaux prolonge: “Même ‘en campagne électorale’, ce n’est pas dans ma nature de quitter le navire en pleine tempête, au moment où le club vit des moments très périlleux. Ces derniers jours, tout le monde est sur le pont pour sauver le Standard, pour prendre les contacts nécessaires, utiles ou prospectifs. Beaucoup de ces contacts nécessitent une certaine discrétion et des garanties légales de non divulgation d’informations confidentielles.”

S’en suit un appel: “Je comprends l’inquiétude des groupes de supporters qui tout au long de ces dernières années ont soutenu et porté notre club contre vents et marées. Je la partage. Mais plus que jamais le Standard a besoin de toutes ses partisanes et partisans, de toutes les régions du pays et au delà.” C’est devenu une cause régionale.

Borsus: “La Wallonie peut intervenir”

Contacté par La Libre, le cabinet de Willy Borsus (MR), le ministre wallon de l’Économie, indique qu’il “n’exclut pas d’éventuellement intervenir”, en faveur du Standard. “Il déplore la situation actuelle qui est vraiment catastrophique et désespérante”, ajoute la porte-parole du ministre wallon, cité par le quotidien. Ceci dit, dans un premier temps, le libéral veut “laisser faire les acteurs privés”.

Il fut notamment question d’un retour de l’âme damnée du club, Lucien D’Onofrio. En tout état de cause, le bras armé financier de la Région, Wallonie Entreprendre, ne peut pas intervenir en inejectant des capitaux. Par contre, elle peut couvrir des crédits, par exemple, ce que la Sogepa (un des outils fusionnés dans Walllonie Entreprendre) avait déjà fait par le passé dans le cadre de la rénovation du stade de Sclessin.

“Difficile à justifier”

Il serait difficile de justifier, auprès des citoyens, les raisons d’un tel investissement, estime Jean-Michel De Waele, sociologue et spécialiste du sport à l’ULB, interrogé parle quotidien . Ce n’est pas un secteur stratégique ou qui représente beaucoup d’emplois. En outre, ce n’est pas un secteur rentable, je ne vois donc pas comme on justifierait d’y injecter de l’argent public”. Il évoque, toutefoisn d’autres formes d’interventions possibles. Tout en s’étonnant du manque de réactions politiques.

Le Standard de Liège est, avec Charleroi, “le” symbole du football wallon et un club fédérateur au sud du pays. Il brasse même des supporters en Flandre, dans la région voisine du Limbourg et au-delà – songeons à l’acien Premier ministre Yves Leterme.

“Pour moi, le football belge a besoin du Standard, estimait lundi Philippe Albert, l’ancien joueur de Charleroi devenu consultant à la RTBF et pour Le Soir. Je ne peux pas imaginer que le club disparaisse et pourtant, aujourd’hui, c’est de cela qu’il est question. Ce serait une catastrophe. Toute la question réside dans l’arrivée ou non d’un repreneur suffisamment intéressé pour reprendre un club qui est au plus bas sur le plan financier. Il est selon moi essentiel qu’un club comme le Standard s’appuie sur un ancrage local.”

Voilà l’enjeu.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content