Selon les nouvelles perspectives de l’IWEPS, la réforme du chômage renforcera “légèrement” l’emploi en Wallonie dès 2026. Mais l’effet positif sera annulé par une baisse de la productivité et un tassement du pouvoir d’achat. Un paradoxe qui pourrait limiter la croissance régionale. En tout cas à court terme.
La réforme du chômage devait renforcer les incitations au retour à l’emploi. Les projections publiées par l’IWEPS confirment cette dynamique, mais sans choc immédiat. En 2025, l’emploi intérieur n’augmentera que de 0,4 %, soit environ 6.000 postes. La progression s’accentuera en 2026 (+0,7 %, 8.900 emplois), principalement grâce à l’intégration progressive des personnes exclues du chômage.
L’Institut insiste sur le caractère étalé du processus. « L’intégration dans l’emploi des personnes exclues du chômage se produira de manière graduelle, s’étalant sur plusieurs années », précise le rapport. Le marché du travail absorbera lentement une population plus éloignée de l’emploi, ce qui réduit l’ampleur de l’effet à court terme.
Un retour à l’emploi qui pèse sur la productivité
Cet afflux progressif de nouveaux travailleurs aura un coût macroéconomique. En moyenne moins qualifiés, les entrants exerceront une pression à la baisse sur la productivité dès 2026. Celle-ci tomberait à +0,4 %, contre +0,8 % un an plus tôt. Dans une économie où la croissance potentielle reste limitée, ce glissement est significatif.
Cette baisse de productivité constitue l’un des principaux paradoxes mis en avant par l’IWEPS : une réforme pensée pour dynamiser l’activité pourrait, à court terme, contribuer à un ralentissement de la croissance. La Wallonie resterait ainsi bloquée autour d’un rythme de +1,1 % en 2026, légèrement inférieur à 2025.
Pouvoir d’achat sous pression
La réforme aura également un effet direct sur le revenu disponible des ménages. En limitant dans le temps l’accès aux allocations, elle contribuera au tassement du pouvoir d’achat : +0,4 % en 2026, contre +1,5 % cette année. Avec une part importante des dépenses jugées « incompressibles », les ménages puiseront davantage dans leur épargne, attendue à un plancher historique de 6,8 %.
La consommation privée, principal moteur de la croissance wallonne depuis la sortie de crise sanitaire, ralentira nettement. Elle passerait de +1,9 % en 2025 à +1,0 % l’an prochain. Un signal d’autant plus préoccupant que ce poste reste l’un des principaux contributeurs au PIB.
Un gain d’emploi qui ne suffit pas à relancer la croissance
Au final, l’effet net apparaît limité pour 2026. L’amélioration de l’emploi ne compensera pas la contraction de la demande interne et le recul de la productivité. Dans un contexte où l’investissement des entreprises et les exportations ne reprendront que progressivement, la réforme du chômage n’agira pas comme un levier de croissance en 2026. Elle renforcera l’activité, mais au prix d’une économie qui gagnera en quantité de travail ce qu’elle perdra en efficacité.
La Wallonie s’engage ainsi dans un scénario où l’emploi progresse, mais où la croissance reste contenue. Une trajectoire qui rappelle une constante : dans une économie déjà peu dynamique, les réformes structurelles produisent rarement les effets retours attendus.