Adrien Dolimont a donné une interview riche en enseignements pour qui sait lire entre les lignes. Face à l’effort budgétaire qu’il reste à fournir, l’exécutif wallon pourrait renoncer, au moins en partie, à sa réforme des droits de succession. “Je n’ai pas de tabous”, a assumé le libéral.
On va l’indiquait encore hier. Le coup de massue budgétaire n’est pas encore tombé en Wallonie. Parce que le gouvernement wallon a décidé d’y aller progressivement et crescendo pour réduire son déficit public.
L’année dernière, l’effort était de 268 millions d’euros, cette année de 270. Si le gouvernement d’Adrien Dolimont veut remplir son objectif d’un retour à l’équilibre en 2029, il lui reste donc à faire un exercice à 2 milliards d’euros en trois ans. C’est plus du double : 666 millions par an, en moyenne.
Des droits de succession en danger
Lors du premier exercice budgétaire, l’effort avait été plombé par une coûteuse réforme des droits d’enregistrement. On est donc en droit de se demander si la réforme des droits de succession, prévue en 2028, pourra toujours tenir la route. D’autant que l’échelon fédéral a prévu d’avancer sa réforme fiscale, dont la baisse de la quotité exemptée d’impôts pénalisera les entités fédérées.
Dans Le Soir, Adrien Dolimont indique que sa volonté est de maintenir la réforme, mais il évoque la possibilité “de la postposer, de la moduler ou de la mettre en pratique de manière plus progressive”. Il ajoute qu’il “ne ferme aucune porte. Si je répète que je n’ai plus de tabous, cela doit être aussi pour certaines de nos compétences.”
Une bataille aussi politique
Pour rappel, le MR et Les Engagés se sont déjà entendus sur cette réforme. Il s’agit grosso modo de diviser les taux actuels par deux. En ligne directe, le taux passerait ainsi de 30 à 15%. Entre frères et sœurs, de 65 à 33%, entre tantes/oncles et nièces/neveux, de 70 à 35%, et entre toutes les autres personnes de 80 à 40%.
En coulisses, certains mandataires MR chuchottent leur scepticisme par rapport à cette coûteuse réforme, surtout voulue par Les Engagés. Les libéraux l’ont plutôt joué finement en entérinant dès le départ leur réforme des droits d’enregistrement.
Cette réforme des droits de succession pourrait toutefois être un casus belli entre les deux partenaires. Aussi, l’essentiel du poids de cette réforme sera aussi portée par la législature suivante, même si les premiers coûts se feront sentir dès 2028. En différant la réforme, la coalition Azur s’enlèverait donc ce poids encombrant.