Faute de talents, l’une des plus belles réussites économiques de Wallonie risque de perdre son leadership mondial

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Baptiste Lambert

La Fédération du secteur de la chimie et des sciences de la vie, essenscia, vient de publier son Baromètre de l’emploi. Les patrons des industries chimiques et pharma envisagent de recruter 2.000 personnes par an sur les trois prochaines années. Mais les candidats manquent à l’appel en Wallonie et à Bruxelles. Les biotechs et biopharma risquent de perdre leur leadership mondial.

On le sait, les biotechs et la biopharma sont une réelle réussite au sud du pays. L’industrie chimique est aussi une importante pourvoyeuse d’emplois. Sur les 7 dernières années, ces secteurs ont créé pas moins de 4.500 emplois en Wallonie et à Bruxelles. En 2023, les secteurs de la chimie et des sciences de la vie pesaient pas moins de 33.000 emplois directs et 75.000 emplois indirects.

La question est de savoir si ces secteurs porteurs pourront poursuivre leur croissance. Leurs industries craignent de devoir revoir leurs ambitions à la baisse, faute de candidats disponibles, principalement en production. Le manque de main d’œuvre est criant. En 2023, 1 recrutement sur 10 s’est soldé par un échec, en particulier pour les jobs en production. Or, ils représenteront 72% des jobs à pourvoir en 2024, évalués en tout à 6.000 emplois sur les trois prochaines années, ce qui montre la belle santé économique de ces entreprises.

Les chefs d’entreprise expliquent leur difficulté à recruter pour différentes raisons : un manque de candidats qui postulent (71%), un manque de candidats expérimentés (56%) ou dotés des compétences techniques requises (56%). Les entreprises pointent également le manque de compétences liées à l’environnement industriel (36%), le manque de candidats juniors compétents (29%) et le manque de soft skills (20%).

L’ironie de la situation

“Cela démontre l’importance d’adapter le modèle de l’enseignement et d’intégrer davantage le monde de l’entreprise dans les programmes de cours“, écrit essenscia, qui pointe une nouvelle fois l’ironie de la situation : d’un côté, un secteur en pleine croissance doté d’un réel leadership européen et mondial qui continue d’investir dans ses sites en Wallonie et à Bruxelles. De l’autre, un manque de plus en plus criant de main-d’œuvre qualifiée pour répondre aux besoins de cette expansion

Frédéric Druck, directeur d’essenscia wallonie-bruxelles, lance un appel : “Si nous voulons conserver le leadership de notre secteur et sa contribution à notre économie, les prochains gouvernements wallon, bruxellois mais aussi celui de la Fédération Wallonie-Bruxelles, devront impérativement s’aligner sur un plan talents commun avec des mesures pragmatiques qui répondent aux besoins de la réalité économique du terrain.”

Le directeur voit 4 priorités : mettre en place une stratégie commune avec des indicateurs de suivi, rapprocher le monde de l’industrie et de l’enseignement, augmenter les budgets et simplifier les procédures administratives (permis de travail unique).

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