Entre résilience et incertitudes, les patrons wallons oscillent entre “ouf” et “bof”

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© Andrea Piacquadio/Pexels

Malgré la stabilisation de l’activité économique en Wallonie, les chefs d’entreprise restent prudents. Loin de toute euphorie, ils expriment un sentiment mêlé de soulagement et de frustration : la région a évité le pire, mais attend toujours un réel redémarrage économique.

Entre le soulagement d’avoir échappé à la récession et l’inquiétude liée à l’absence persistante de signes de reprise, le climat économique en Wallonie reste fragile. C’est ce qui ressort de la dernière enquête conjoncturelle d’AKT for Wallonia (anciennement Union wallonne des Entreprises), présentée ce jeudi à Namur.

“On peut dire ‘ouf’ parce qu’il y a six mois, on voyait que les nuages s’amoncelaient au-dessus de nos têtes, avec un risque de récession, et, finalement, on semble avoir évité le pire même si on n’est pas sorti de l’auberge. Et ‘bof’ parce qu’on n’entrevoit toujours aucun signe de reprise de l’économie régionale”, a expliqué Frédéric Panier, le CEO d’AKT for Wallonia.

Croissance de l’économie wallonne

En chiffres, la croissance de l’économie wallonne prévue pour 2025 s’élève à 0,9%, légèrement sous la moyenne nationale. “Le principal risque qui entoure cette prévision, c’est l’évolution du contexte commercial puisqu’une aggravation des tensions internationales et un maintien des tarifs à un niveau élevé entraîneraient un retour de l’inflation, une hausse des coûts de production et une perte de compétitivité pour les entreprises conduisant à une baisse des perspectives d’investissements et d’embauche”, a précisé l’économiste d’Akt, Olivier Pauwels.

Selon ce dernier, l’impact de la politique commerciale menée par le président américain Donald Trump est “réel mais contenu”. Néanmoins, près d’un entrepreneur sur cinq (18% des sondés dans le cadre l’enquête conjoncturelle) déclare en ressentir des effets concrets et significatifs tandis que 46% assurent ne pas être impactés.

Dans ce climat, la Wallonie évite la récession, son activité se stabilise après une légère reprise à la fin de l’année passée et les perspectives d’investissements restent solides, soutenues par la baisse des taux d’intérêt, ont résumé les responsables d’AKT.

Quid sur le marché de l’emploi?

Quant au marché de l’emploi, il se caractérise toujours par un nombre élevé de chercheurs d’emploi – 247.000 en avril 2025 -, des milliers d’emplois vacants – 37.000 postes – et des difficultés de recrutement persistantes. “Le constat est clair: il faut que le Forem accompagne un nombre suffisant de chercheurs d’emploi pour leur permettre d’être orientés vers les emplois proposés par les entreprises. A quelques mois de la réforme du chômage, l’accompagnement de ces personnes apparaît plus que jamais comme un enjeu clé pour relancer durablement l’économie régionale”, a ajouté l’organisation patronale.

Sans surprise, les coûts (salariaux et énergétiques) ainsi que la pénurie de profils qualifiés sont toujours les premiers freins à la compétitivité des entreprises régionales, a-t-elle poursuivi en pointant également la lourdeur administrative qui gagne en importance. En trois ans, la part des CEO wallons qui la citent comme obstacle a en effet progressé de 20 points, un dirigeant sur deux la décrivant désormais comme problème prioritaire alors que les résultats du choc de simplification administrative annoncé par le gouvernement régional “se font attendre”.

“Les entreprises wallonnes ont prouvé une fois de plus qu’elles pouvaient encaisser les chocs. Elles s’adaptent, elles avancent. Mais on ne transformera pas cette résilience en vraie relance si les réformes attendues ne se concrétisent pas plus rapidement”, a conclu Frédéric Panier.

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