À son tour, le président des Engagés enjoint le gouvernement wallon à relancer l’exploration minière. Le retour des mines en Wallonie est loin d’être de la fiction.
C’est un débat qui s’invite de plus en plus dans la sphère politique : face à nos besoins d’autonomie stratégique, relancer l’exploration minière à la recherche de matériaux critiques n’est plus tabou. C’est même devenu une obligation européenne, depuis la signature, en mars 2023, du Critical Raw Materials Act, qui a pour objectif de sécuriser, d’ici 2030, 10 % de la production annuelle mondiale de matériaux critiques sur le sol européen.
MR et Engagés poussent
Mi-avril, sur Bel-RTL, Georges-Louis Bouchez lançait un pavé dans la mare, en se disant “extrêmement pour” que la Wallonie se mette à la recherche de “terres rares”, en confondant, comme souvent dans le débat public, la différence entre matériaux critiques et terres rares.
Mais hier, dans L’Echo, le président des Engagés, Yvan Verougstraete, partenaire du MR en Wallonie, relançait le débat, en se référant à la découverte, en 2023, d’un gisement de 46 millions de tonnes d’hydrogène blanc, dans un bassin minier en Lorraine.
Et si la Belgique et en particulier la Wallonie disposaient du même potentiel ? “Certaines de nos régions présentent des caractéristiques géologiques similaires à celles du bassin lorrain, notamment dans les zones anciennement minières, avance le président des Engagés dans le quotidien. Il serait irresponsable de ne pas investiguer ce potentiel. Nous demandons au gouvernement wallon de lancer le processus très rapidement“, la compétence étant régionalisée.
L’hydrogène
46 millions de tonnes, c’est l’équivalent de la moitié de la production mondiale d’hydrogène gris, c’est-à-dire de l’hydrogène obtenu à partir d’énergies fossiles, comme le gaz. L’hydrogène blanc, c’est celui qui est présent de manière naturelle dans le sous-sol.
Or, l’Union européenne, à tort ou à raison, a fait de l’hydrogène l’un des piliers de sa transition énergétique. L’hydrogène (H2) n’est pas une source d’énergie à proprement parler, mais il permet de produire des molécules énergétiques, comme l’ammoniac et le méthanol, bien utiles à l’industrie, ou encore de stocker de l’énergie, en vue de la transporter.
Exploration
Mais dispose-t-on d’un réel potentiel en Wallonie ? À ce stade, difficile à dire, selon plusieurs spécialistes que nous avons interrogés. Et c’est tout le problème : si la Belgique possède un passé minier important, notamment dans le zinc, le plomb ou le charbon, elle n’a quasiment rien investi depuis 30 ans dans la cartographie de ses ressources profondes.
En sus, plus aucun projet d’investigation géophysique n’a eu lieu depuis 2017 et celui de la société Walzinc. Et plus aucune demande d’autorisation de forage à visée minière n’a été déposée depuis le début des années 1990. Bref, l’exploration minière est au point mort en Wallonie et bien loin des obligations européennes.
Sous la précédente législature, Céline Tellier (Ecolo), la ministre de l’Environnement, a fait adopter un nouveau Code wallon des ressources du sous-sol. Il encadre la protection des sous-sols et inscrit le principe de “gestion parcimonieuse”. Mais pour ce qui est l’exploitation des sols, c’est le ministre du Territoire, François Desquesnes (Engagés), qui supervise les matières premières. Son cabinet nous indiquait récemment que le nouveau code fait déjà l’objet d’un recours introduit par une ASBL citoyenne devant la Cour constitutionnelle.
On sait le phénomène NIMBY très présent dans nos contrées.