Vendre les participations publiques belges et wallonnes: une fausse bonne idée
La future majorité Arizona fédérale et l’Azur wallonne évoquent toutes deux la possibilité de vendre les participations dans des entreprises publiques ou semi-publiques. En marchant sur des oeufs et il y a des raisons à cela.
Tant la future coalition Arizona fédérale que l’Azur wallonne évoquent la possibilité de vendre une partie de nos participations dans des entreprises publiques ou semi-publiques. Proximus, bpost, BNP Paribas Fortis, Belfius, Loterie Nationale, FN, Sonaca, Ethias, NMLK, Prayon…: la liste est longue. Tant au fédéral qu’en Wallonie, libéraux et sociaux-chrétiens disent ne pas avoir de tabou en la matière, mais mettent quand même cette intention au conditionnel.
La situation budgétaire de nos finances publiques pourrait justifier la revente de certaines participations décidées au moment des crises, bancaires notamment. Dans une note consacrée à la Défense présentée par le N-VA Theo Francken, et dévoilée ce jeudi par L’Echo et De Tijd, il en est question pour contribuer au réinvestissement dans ce département stratégique. Les politiques marchent toutefois sur des oeufs et il y a des raisons à cela.
Des opérations ‘one shot’
“Il s’agit avant tout de voir ce que ces participations rapportent en dividendes, nous dit un fin connaisseur du dossier. Pour que cela soit vraiment profitable, dans la plupart des cas, il faudra vendre cher et vilain.” Ces dernières années, les banques ont généré des retours sur investissement considérables, chiffrés en centaines de millions. D’autres secteurs ont le vent en poupe et sont profitables.
Or, ces ventes constituent des opérations ‘one shot’ ne bénéficiant pas longtemps et pas directement à l’assainissement de nos finances publiques. Si cela pourrait permettre d’injecter une dizaine de milliards d’euros dans un fonds pour la défense, selon la note N-VA, c’est loin d’être garanti et, surtout, cela ne tient pas compte d’une manne qui se tarirait ensuite.
Un désancrage belge
La deuxième raison pour laquelle de telles opérations s’avèrent délicates renvoie au passé et à la vente de nos bijoux de famille. Pour l’instant, l’heure était davantage à la volonté de réancrer les activités stratégiques en Belgique, ce que sont incontestablement les activités bancaires, en défense, en énergie ou en matières premières.
En outre, la vente de nos participations se heurte à la capacité de trouver un partenaire fiable et originaire d’un pays sûr. Un screening des acheteurs potentiels doit être réalisé. “Vendre la participartion wallonne dans Ethias à Belfius, pas de problème, cela reste belge et garanti, nous dit une source. Mais si l’on voulait vendre notre participation dans Prayon, la famille royale marocaine, qui détient l’autre partie des parts, pourrait être tentée de délocaliser.”
En matière de défense, on pourrait envisage un partenariat stratégique avec un autre pays européen, la France par exemple. Mais d’aucuns s’interrogent: seraient-ils prêts à intervenir dès lors… que les exportations d’armes dépendent de licences octroyées par le gouvernement wallon?
Au-delà de toute considération purement idéologique – de gauche ou de droite -, ces ventes posent autant de questions qu’elles n’apporteraient de réponses. L’Arizona et l’Azur devront prendre le temps de bien peser le pour et le contre.
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