“Une partie des chômeurs de longue durée ne sont pas des actifs mais plutôt des invalides”
Une proportion non-négligeable de chômeurs de longue durée présente un profil de santé plus dégradé que celui des travailleurs, selon une étude Solidaris. Par conséquent, les politiques d’activation coercitives basées sur la dégressivité des allocations de chômage et leur limitation dans le temps sont inadaptées, estime la mutualité.
Solidaris est partie de l’hypothèse selon laquelle la santé des personnes sans emploi est moindre que celle des personnes qui travaillent et, à certains égards, plus proche de celle des personnes invalides. Elle s’est basée sur les données de ses 1.067.632 affiliés titulaires âgés de 25 à 65 ans sur la période 2014-2016.
L’analyse comparative du profil de santé (profil socio-sanitaire et consommation de soins) des chômeurs de longue durée, des travailleurs et des invalides montre qu’outre un profil de santé plus dégradé que celui des travailleurs, les chômeurs de longue durée présentent un profil sociodémographique défavorisé, un taux de mortalité plus élevé (ils ont 2,6 fois plus de risques de mourir dans les trois ans que les travailleurs, tous âges confondus), une incidence plus marquée pour certaines pathologies et un recours moindre à la prévention (les soins dentaires préventifs ne sont par exemple consommés que par 23% des chômeurs) et à la première ligne de soins.
Pour Solidaris, un accompagnement des chômeurs de longue durée qui intègre les dimensions sanitaires et psychosociales constituerait une alternative plus adéquate. Population particulièrement fragile, les chômeurs de longue durée devraient en outre bénéficier de politiques de renforcement de l’accessibilité financière des soins de santé, selon la mutualité. Elle préconise ainsi d’automatiser l’octroi du statut BIM (bénéficiaire de l’intervention majorée) pour les chômeurs de longue durée. La mutualité voudrait également que le tiers payant obligatoire soit généralisé et que les suppléments d’honoraires soient supprimés.
Solidaris recommande aussi de sensibiliser et d’inciter les employeurs à la réinsertion des chômeurs de longue durée. Elle plaide enfin pour que les allocations de chômage soient toujours 15% supérieures au seuil de pauvreté et pour que le statut de cohabitant soit lui aussi supprimé.
“En considérant tous les chômeurs comme des actifs, c’est tantôt le marché du travail, tantôt les chômeurs qui sont pointés du doigt. Or, études et analyses tendent à montrer qu’une partie des chômeurs de longue durée ne sont pas des actifs à proprement parler mais plutôt des invalides”, conclut la mutualité.
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