Une majorité alternative PS-Ecolo-PTB: un sacré précédent francophone
Pour réformer le décret ‘Paysages’ dans l’enseignement supérieur, socialistes et écologistes se sont appuyés sur la gauche radicale. La majorité avec le MR est cliniquement morte. Un sacré signal envoyé avant les élections.
Ils l’ont fait! PS et Ecolo ont bel et bien compté sur les voix du seul PTB pour voter une réforme du décret ‘Paysages’ visant à épargner les étudiants des effets prétendument pervers de cette réforme votée en cours de législature. Le MR est laissé de côté.
Résultat: la majorité PS-MR-Ecolo en Fédération Wallonie-Bruxelles est cliniquement morte pour la fin de la législature.
Les socialistes et les écologistes, eux, envoient un sacré signal avant les élections: une telle majorité est possible, si le PTB s’y rallie, et tant pis pour la crédibilité donnée gratuitement à l’extrême gauche.
PS: “Pas d’autre choix”
“Ce n’était pas notre scénario espéré et rêvé et on reste dans l’incompréhension de la position du MR qui s’est complètement isolé, a justifié Martin Casier, député PS, à la sortie de l’hémicycle. Mais comme on avait dit qu’on irait jusqu’au bout, on l’a fait.”
Le décret Glatigny (du nom de l’ancienne ministre MR de l’Enseignement supérieur) organise l’enseignement supérieur et entre autres la “finançabilité” des étudiants. Il a resserré les critères en vue d’éviter une trop longue durée des études. Des chiffres de la Fédération des étudiants francophones (Fef), jugés “totalement faux” par le MR, faisaient état de milliers d’étudiants qui ne seraient plus finançables.
Le texte PS-Ecolo prévoit que les étudiants qui ont débuté dans le système antérieur, étaient inscrits et finançables cette année “sont réputés finançables en vue de leur inscription dans le même cursus” l’année prochaine. La règle des 60 premiers crédits à engranger en deux ans maximum est assouplie à 45 crédits, pour la rentrée prochaine. Le critère de la réussite d’un programme annuel (PAE) de 45 crédits minimum est abandonnée. L’étudiant aurait également davantage de temps pour se réorienter: il a droit à deux inscriptions supplémentaires s’il se réoriente, même s’il a déjà passé deux ans sur une première année.
Un texte vivement critiqué par le MR et par les Engagés. Autant pour le signal envoyé aux étudiants que pour la dépenses supplémentaire de cinq millions d’euros engendrée dans un contexte budgétaire déjà critique.
MR: “Un coup de poignard”
“Ils devront tirer leur plan avec cela, commentait, dépité, le député MR Nicolas Tzanetatos, à la sortie du vote. S’ils ont besoin d’un parti d’extrême gauche pour faire passer leurs lois…“
“PS et Ecolo s’allient au PTB pour détricoter une réforme que les établissements avaient demandée, regrette l’ancienne ministre Valérie Glatigny, tête de liste libérale à Bruxelles. Ce matin, c’est l’enseignement supérieur qui se réveille avec la gueule de bois. Le grand perdant est l’étudiant, qu’on déresponsabilise juste avant le blocus.”
La majorité actuelle est morte. Pierre-Yves Jeholet, ministre-président francophone libéral, avait mis en garde le 4 avril: “Un accord est un accord. S’il y a un vote au parlement sur un décret, il n’y aura plus de confiance. Ceux qui ont mis le feu devront alors assumer leur rôle.” Il confirme ce mercredi, en considérant que son gouvernement comme étant en “affaires courantes” après le vote. “Un coup de poignard du PS et d’Ecolo”, a commenté Pierre-Yves Jeholet (MR) auprès de Belga. “Ce vote est une trahison et une déloyauté, avec l’appui de l’extrême-gauche”.
Les Engagés, qui avaient appelé à une “sortie par le haut” du blocage de la majorité avec leur propre proposition (via des amendements au texte PS-Ecolo), ont constaté à la fin de la séance “la mort clinique de la majorité”. PS et Ecolo “ont préféré donner du pouvoir au PTB plutôt que de s’allier à notre proposition constructive, regrettent Benoît Dispa et Michel de Lamotte. En route vers une nouvelle majorité?”
En tout état de cause, socialistes et écologistes viennent d’envoyer un sacré signal sur la possibilité de former une coalition avec le PTB. Avant les élections, voilà qui sent le soufre.
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