Une création d’emplois trop faible en Belgique face à la pénurie
Si la Belgique peut se féliciter d’avoir pu créer 100.000 emplois deux années de suite, ce nombre est toutefois insuffisant pour remplir le nombre d’emplois vacants qui s’élève à 200.000.
A terme, si le problème n’est pas résolu, il menace la croissance économique du pays et de ce fait le financement de la sécurité sociale, a averti mercredi le vice-président du Conseil Supérieur de l’Emploi (CSE), Steven Vanackere, durant la présentation d’un état des lieux du marché du travail en Belgique.
La publication de ce rapport intervient à un moment particulier. Le gouvernement a échoué mardi soir à s’accorder sur une réforme fiscale dont l’objectif était de réduire la pression sur le travail, l’un des problèmes que connaît le marché de l’emploi belge.
“Le pays a besoin de mesures courageuses”
“On vient de connaître des années de croissance exceptionnelle mais l’arbre ne peut cacher la forêt. Il reste des difficultés particulièrement importantes sur le marché du travail”, a souligné l’un des conseillers du CSE, Philippe Delhez, économiste à la Banque nationale. “Le pays a besoin que des mesures courageuses soient prises”.
La Belgique occupe la première place européenne en matière de taxation du travail. Le CSE formule plusieurs recommandations, notamment une amélioration de l’attractivité du travail par une rémunération nette des travailleurs qui soit bien supérieure aux allocations sociales. Pour ce faire, il faudrait alléger la fiscalité sur les bas revenus. L’augmentation du revenu net en cas d’acceptation d’un emploi n’est que de 6,6% après deux mois de chômage si le salaire équivaut à 67% du salaire brut moyen et de 15,1% après un an.
Face aux pénuries, le CSE préconise d'”élargir le vivier de talents”: en activant davantage la population en âge de travailler, en favorisant la mobilité interrégionale, en élargissant la liste de professions en pénurie ouvertes à l’immigration économique ou encore en améliorant la flexibilité. Le développement de compétences doit également être soutenu grâce à la formation et l’apprentissage.
Sans surprise, c’est le secteur IT qui connaît le plus haut taux de vacance d’emploi (8,4%) suivi de l’Horeca (8%), la construction (6,1%) et l’industrie manufacturière (5,4%).
En 2022, la reprise économique a fait baisser le chômage des 15-64 ans à 5,6% et augmenter le taux d’emploi des 20-64 ans à 71,9%. A politique inchangée, ce dernier atteindrait 74,6% en 2030 alors que le gouvernement s’est fixé un objectif de 80%.
La Flandre dans une situation proche du plein emploi
Le taux d’activité, qui intègre les demandeurs d’emploi en recherche active, s’établit quant à lui à 76% tandis que la moyenne européenne se situe à 79,4%. “Si on avait ce taux en Belgique, on aurait 300.000 personnes à offrir en plus”, a précisé M. Delhez.
La Flandre, avec son marché de l’emploi extrêmement tendu (le VDAB recense pas moins de 213 métiers en pénurie), atteint la moyenne européenne. Le nord du pays se trouve d’ailleurs dans une situation proche du plein emploi puisque le taux de chômage s’établit à 3,2% pour 11,5% à Bruxelles et 8,4% en Wallonie. C’est d’ailleurs dans cette Région que le recours aux flexi-jobs est de loin le plus important.
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