Une Belgique francophone plus à droite, entre un MR à droite toute et Ecolo le plus à gauche

Jean-Marc-Nollet (Ecolo) à gauche toute, Georges-Louis Bouchez (MR) à droite toute. BELGA PHOTO POOL BERT VAN DEN BROUCKE
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les positionnements des partis évoluent, confirment les leçons tirées du test électoral de la RTBF et de La Libre. Au point de creuser des lignes de fractures au sein même des formations politiques. Du côté francophone, PS et Engagés glissent sur leur droite.

Les partis politiques évoluent. Le MR vire plus à droite, Ecolo est devenu le parti “le plus à gauche”, tandis que le PS est économiquement plus centriste, les Engagés de centre-droit et DéFi de centre-gauche. Ces constats, intuitifs, sont confirmés par une étude réalisée par l’université d’Anvers et l’UCLouvain au départ des résultats du test électoral de la RTBF et de la Libre. Et à vrai dire, les constats sont spectaculaires.

Le MR très à droite

“Au MR on assiste à un virage à droite assez spectaculaire sur la dimension économique”, commentent Stefaan Walgrave, Jonas Lefevere (Universiteit Antwerpen) et Benoît Rihoux (UCLouvain), interrogés par la RTBF. Entre 2019 et 2024, le MR se déplace de 2,7 points vers la droite sur l’axe économique. “C’est le plus grand changement que nous observons tous partis confondus entre 2019 et 2024”, précisent-ils.

La ligne Bouchez est incontestablement à l’origine de ce glissement. Le jeune chef de file montois a développé une approche de “droite populaire” visant à capturer un électorat susceptible d’être tentés par les extrêmes. Lors de ces dernières interviews de campagne, que ce soit sur la nécessité de diminuer les allocations sociales ou sur la nécessité d’expulser les prisonniers étrangers, il n’a pas fait dans la dentelle. Qui m’aime me suive…

Ce repositionnement, effectif selon les politologues, avait déjà été amorcé par Charles Michel lorsqu’il était Premier ministre, dans une majorité avec la N-VA. Elle s’explique aussi par la disparition d’alternatives comme le Parti Populaire ou les listes Destexhe, soulignent les politologues.

Cela n’est pas sans susciter quelques tensions en interne. Le départ de Jean-Luc Crucke vers les Engagés en a témoigné. Les Engagés visent, eux, à capturer les déçus du libéralisme social. En glissant eux aussi, vers la droite, certainement après les années d’ancrage plus à gauche sous Joëlle Milquet. Tandis que DéFi, avec qui une opération de fusionb au centre a échoué, se trouve plus à gauche sous l’impulsion de leur président François De Smet

La Belgique francophone plus à droite

De façon générale, la Belgique francophone tend à glisser vers la droite. Pour des raisons de nécessité, sans doute, tant les situations budgétaire et socio-économique préoccupantes nécessitent des actions. Ce faisant, disent les politologues, la frontière avec la Flandre s’estompe sur l’axe économique, pas culturel.

Ainsi le résument-ils dans La Libre: “Il semble que le nord et le sud du pays se soient un peu rapprochés en termes d’offre partisane. Dans la mesure où les partis francophones se sont principalement déplacés vers la droite sur le plan économique (MR, Les Engagés, PS) et où les partis flamands n’ont pas ou peu évolué sur cet axe, il y a, en 2024, davantage de convergences sur la dimension économique entre les deux parties du pays [qu’en] 2019. La distance entre la ‘Wallonie de gauche’ et la ‘Flandre de droite’ semble s’être réduite”, concluent les politologues. Par contre, “sur l’axe culturel, la distance […] entre la Flandre et la Belgique francophone semble s’être encore accrue”.

Ecolo “le plus à gauche”

Enfin,le virage d’Ecolo sur la gauche se confirme. “Culturellement, Ecolo reste le parti le plus à gauche de la Belgique francophone“, pointent les analystes sur la RTBF. C’était déjà le cas en 2019. Les verts se sont réinventés en devenant le relais des minorités, que ce soit en matière d’immigration ou de genre. Economiquement aussi, Ecolo tend à rivaliser avec le PTB. Là encore, ces évolutions ne sont pas sans susciter des tensiosn en interne.

Enfin, précise la RTBF, alors que le PS est accusé de courir après le PTB, semble l’étude semble démontrer l’inverse. “Le PS se déplace légèrement vers la droite sur le plan économique (+ 0,9 point), sans changement sur l’axe culturel”, est-il précisé. Cela donne du grain à moudre au PTB, cela va sans dire.

Conclusion de toutes ces conclusions: les partis évoluent en fonction des circonstances, mais aussi sous l’impulsion de leurs dirigeants. Au point de ne plus correspondre tout à fait à leur statut initial et aux aspirations de leur base historique. A quand une recomposition politique qui en tienne compte?

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