Un livre, trois regards belges: “Le changement survenu ces vingt-cinq dernières années est vertigineux” 

La Terre © Getty
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

L’entrepreneur-philosophe Laurent Hublet, l’économiste Bruno Colmant et la journaliste Marie Vancutsem publient “Changement de quart” (éd. Chronica), un livre qui pousse à la réflexion. “Nous sommes dans des années comparables à celles qui ont précédé la Première guerre mondiale. La mondialisation fait peur et crée des replis…” 

Quelles leçons tirer de ce premier quart de XXIe siècle qui fut vertigineux? Quelles perspectives cela ouvre-t-il pour les vingt-cinq prochaines années? C’est le point de vue passionnant d’un livre de dialogues (Changement de quart, éditions Chronica), écrit par trois auteurs belges aux regards belges différents: le philosophe et entrepreneur Laurent Hublet, l’économiste Bruno Colmant et la journaliste Marie Vancutsem (RTBF).  

Le fil que les auteurs tirent ouvre des réflexions profondes et nourrit le débat en ancrant l’actualité dans le temps long. 

“Un changement vertigineux” 

“Ces vingt-cinq dernières années, la terre a accueilli plus deux milliards d’humains supplémentaires, ce qui fut déjà le cas les vingt-cinq années précédentes, souligne Laurent Hublet. Mais la tendance va s’inverser, avec une baisse de la natalité assez forte. On pensait que l’humanité atteindrait son pic démographique en 2080, mais il est possible que notre génération vive ce moment où l’humanité va diminuer en nombre. C’est inédit, jamais vécu. Cette décroissance aura des implications fondamentales sur nos sociétés.” Voilà le point de départ de la réflexion. 

“Le changement survenu durant ces vingt-cinq dernières années est assez vertigineux, prolonge Bruno Colmant. Nous sommes rentrés dans le XXIe siècle avec la mondialisation heureuse, l’entrée de la Chine dans OMC. Ce développement a permis de sortir des gens de la pauvreté, mais il a créé, dans le même temps, des replis identitaires. Vingt-cinq ans après, le protectionnisme réapparait, avec le risque d’une perte de prospérité à venir car la moitié de la richesse était due à la globalisation. Le risque est aussi grand de voir resurgir des tensions sociales que l’on pensait révolues.  Nous sommes dans des années comparables à celles qui ont précédé la Première Guerre mondiale. La mondialisation fait peur et crée des replis…” 

“La pandémie de Covid a évidemment pris une place importante dans nos dialogues, souligne Marie Vancutsem. Avant toute chose, sur le fond, nous avons établi une différence entre la santé et le soin: dans nos sociétés, il y a surtout un déficit de soin! Nous avons aussi analysé la période avec ce constat: cinq ans après la fin de la pandémie, il n’y a pas eu de grandes commémorations pour les victimes, pas de prise de parole ou d’excuses. C’est une porte que l’on a refermée. Pourquoi? A-t-on du mal à regarder ce que l’on a mal fait?” 

Des regards parfois opposés

Avec cet ouvrage, les éditions Chronica renouent avec une collection baptisée “Futur Simple” qui ouvrent des portes pour réfléchir le monde de demain. “J’ai été séduit par la volonté des auteurs d’analyser le monde dans ses mutations avec des regards différents, parfois opposés”, souligne son responsable, Christophe Charlot.  

“J’ai publié un premier livre il y a deux ans, qui était le fruit d’un travail intime et solitaire, explique Laurent Hublet, à l’origine de l’initiative. J’avais envie de mener à bien une autre expérience éditoriale, plus collective. J’ai directement pensé avec Bruno avec qui j’échange régulièrement et qui est sans doute la personne avec qui je préfère être en désaccord. Quant à Marie, j’ai appris à la connaître avec le ‘Parti pris’ que je diffuse à la RTBF. Elle a la capacité d’être à la fois dans l’actualité et de prendre du recul: c’était exactement l’objectif que je poursuivais pour se demander ce qui a changé durant ce quart de siècle.” 

Cette année 2025 est un point de bascule très important au niveau politique, géopolitique et du contexte économique, souligne Bruno Colmant. De la mondialisation heureuse à la déglobalisation, des nouvelles technologies à la manipulation de masse, quelque chose de stupéfiant est en train de se passer. Je ne sais pas s’il y a déjà eu dans l’histoire un moment de changement aussi rapide.” Voilà de quoi y songer intelligemment.

“Changement de quart”, éditions Chronica, en librairie le 17 octobre 

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