Un gouvernement peut-il faire n’importe quoi ?

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Retenez bien cette date, habitants de la planète et corpuscules errants de la galaxie : le 24 avril 2022, à moins qu’un missile égaré venu du Donbass et visant à l’origine un hôpital pédiatrique ne termine sa course sur la place de la Concorde, nous connaîtrons le nom du nouveau Président français. C’est l’occasion de prendre régulièrement le pouls économico-politique de cette campagne pour laquelle l’actuel locataire de l’Elysée n’a toujours pas déclaré officiellement son désir de prolonger son bail (quel suspens !). Aujourd’hui, comment faire payer la crise par les actionnaires.

Mercredi, Emmanuel Macron a annoncé, comme Tintin et Kennedy, vouloir partir à la conquête de l’espace. Un projet qui “doit faire rêver” a-t-il dit. Il a raison de le souligner, car sur terre, on rêve moins. Selon un dernier sondage OpinionWay publié par Les Echos, “les Français sont extrêmement critiques envers leur classe politique. Il y a beaucoup d’indifférence vis-à-vis de la campagne, même si on remarque une certaine demande d’espoir et de renouveau”, note dans les Echos Charlotte Cahuzac, directrice des études qualitatives pour OpinionWay.

Et ce ne sont pas les derniers meetings qui vont rallumer la flamme vacillante dans l’âme des électeurs. Dimanche dernier, devant 7.000 sympathisants rassemblés au Zenith de Paris, la candidate LR Valérie Pécresse a montré qu’elle n’avait aucun don d’oratrice. Elle a pris une décision radicale, nous dit Gala : elle va se montrer désormais “plus à l’aise” (sic). Elle aurait peut-être pu prendre cette décision AVANT son meeting de dimanche.

Le même jour, à Montpellier, Jean-Luc Mélenchon, qui n’avait pas cette fois fait appel à un hologramme ni réédité le meeting “immersif et olfactif” qu’il avait donné à Nantes en janvier, a démontré qu’il avait de la faconde. Il a montré aussi qu’il avait ses limites dans la maîtrise de la comptabilité. Il a notamment confondu, grand classique, hausse des revenus des riches actionnaires avec la hausse de la valeur boursière des sociétés dans lesquelles ces gens ont des participations.

EDF manipulée, EDF martyrisée…

Mais le non-candidat Emmanuel Macron n’a pas été épargné par les critiques, acerbes, et provenant de son propre camp, celui des banquiers. Dans les Echos, l’ancien patron du Crédit Lyonnais Jean Peyrelevade, a dénoncé s’est demandé comment un “gouvernement qui s’affiche comme sérieux peut-il faire n’importe quoi”. Face à la crise énergétique, et à quelques semaines du premier tour de l’élection présidentielle, le gouvernement a en effet demandé à EDF, le grand producteur contrôlé par l’Etat, d’augmenter le volume d’électricité nucléaire vendue à bas prix à ses concurrents. Cela limite le prix de l’énergie payé par les consommateurs, mais “cela oblige l’entreprise à aller chercher sur le marché, au prix le plus élevé, des quantités qu’elle est hors d’état de produire, et de les vendre à perte”, précise Les Echos.

A cause de cette injonction, EDF, déjà en difficulté financière en raison du gouffre financier que représente la construction de ses nouvelles centrales nucléaires, va devoir supporter une perte supplémentaire de 8 milliards. Cela a fait plonger le cours de bourse, au grand dam des actionnaires minoritaires (ils détiennent 16% du capital) et va obliger l’Etat à recapitaliser l’entreprise à hauteur de 2,5 milliards. EDF devra en outre vendre pour 3 milliards d’actifs… Les minoritaires n’apprécient que très modérément de devoir supporter la hausse de la facture énergétique des Français et certains commencent à s’exciter.

Bonne nouvelle quand même, comme nous l’annoncions dans une précédente page de notre carnet, le chômage baisse. On le savait, mais l’Insee, l’Institut français des statistiques, l’a confirmé ce vendredi : au quatrième trimestre 2021, le pourcentage de demandeurs d’emplois est tombé à 7,4% de la population actives, contre plus de 8% au trimestre précédent.

Sera-ce suffisant pour qu’Emmanuel Macron, à défaut de décrocher la Lune, reste Jupiter sur terre ? S’il est candidat, bien sûr. Quel suspens!

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