Le gouvernement wallon fut le premier constitué, il y a un an, en annonçant symboliquement sa naissance… à l’occasion de la fête flamande. Un an après, l’équipe Dolimont avance dans un contexte difficile et dans l’adversité. En Flandre, la fête ne fait plus recette. La N-VA, il est vrai, pilote la Belgique.
Adrien Dolimont (MR), ministre-président wallon, nous le confiait récemment dans un Trends Talk: “On aimerait toujours que cela avance plus vite“. Son gouvernement fête une année d’existence et s’il n’a pas à rougir de son premier bilan, tant des réformes ont été initiées, il reste un goût de trop peu face à la révolution attendue.
La Wallonie ne se porte pas mieux. La cure d’austérité à laquelle elle doit faire face, même s’il s’agit aussi de mettre un terme à une ancienne culture politique d’aide aux copains, fera mal. Le contexte international très instable génère de l’incertitude. Dans un premier temps, les chiffres sont mauvais et le PS a beau jeu de s’en indigner depuis l’opposition.
Mais la révolution est en marche.
Trop lente et dans l’adversité
La révolution est trop lente, mais le ministre-président nous confiait encore qu’il s’agit de mener des réformes structurelles, qui dépassent son gouvernement. “Nous ne voulons pas faire n’importe quoi…”, disait-il. Il faut lire de la sorte la révision des outils économiques, dont Wallonie Entreprendre.
Certaines réformes ont tardé, notamment la révolution du travail préconisée par le MR et les Engagés: il fallait attendre le train fédéral et sa limitation des allocations de chômage dans le temps, qui a pris du retard, tant dans la formation initiale du gouvernement que dans son approbation. La refonte du Forem est initiée, celle des CPAS et des agences locales doit suivre, il y a du travail.
Des mesures ont fait mal, comme la suppression de la phase ultérieure du tram de Liège ou la diminution des primes à la rénovation. Le contexte est difficile. Et la baisse imédiate des droits d’enregistrement, en début de législature, a semblé un cadeau hors de propos.
La majorité Azur, comme on l’appelle, agit dans l’adversité, il est vrai, des manifestations syndicales, d’un trio PS – Ecolo – PTB remonté et d’administrations qui doivent parfois être convaincues. La mobilisation des “forces vives” est encore trop timide.
L‘adversité fédérale, aussi, quoi qu’on en dise: bien des réformes initiées à ce niveau se payeront au niveau wallon, avec des charges supplémentaires, comme la réforme du chômage. On paye le poids du passé, et l’horizon d’un taux d’emploi à 80% semble si loin…
Une Flandre belgicisée et à la croisée
La Flandre, qui a eu son gouvernement bien plus tard que la Wallonie, n’est pas confrontée aux mêmes défis, si ce n’est un contexte économique difficile et une industrie qui dévisse.
Pour cette fête du 11 juillet, guère de déclarations matamoresques comme c’était le cas par le passé. On avance… lentement, là aussi.
La N-VA a pris les leviers du pouvoir fédéral et Bart De Wever, contre-nature, se bat pour défendre la “prospérité flamande (son slogan de campagne) en se rendant compte… que ce n’est pas une chose aisée. D’ores et déjà, il affirme que deux législatures seront nécessaires et… une réforme de l’État ne sera pas à exclure, certainement si certains niveaux de pouvoir comme la Région bruxelloise ou la Fédération Wallonie-Bruxelles sont en grande souffrance.
L’opposition francophone dénonce une “flamandisation” de l’Etat – voir Proximus ou l’aéroport national -, mais ce n’est là qu’une évolution naturelle.
D’ailleurs, en Flandre, cela se raidit aussi. Voici quelques jours, les députés Vlaams Belang ont fait un coup d’éclat au Parlement en criant que “la Belgique crève”.
Ce 11 juillet, l’air de rien, marque peut-être le début d’un virage historique. Seul l’avenir nous le dira.