La Belgique sera complètement bloquée plusieurs jours, la semaine prochaine. Les représentants des entreprises s’irritent: cela coûte cent millions par jour! Et les propositions alternatives des syndicats s’en prennent de plein fouet à l’économie. Dans quel monde parallèle s’enferme-t-on?
La Belgique se prépare à vivre à l’arrêt. Les 24, 25 et 26 novembre, une série de grèves sont décrétées en front commun: les transports lundi, les services publics mardi et tout le monde mercredi. Les cheminots menacent même de débrayer une semaine entière.
“L’appel de novembre” lancé par les syndicats vise à demander au Premier ministre, Bart De Wever, et à l’ensemble du gouvernement de “mettre fin au démantèlement social”.
Quitte à attaquer de plein fouet les entreprises.
Cent millions par jour
C’est peu dire que cette promesse de blocage général exaspère ses représentants.
Poli comme il a l’habitude de l’être, Frédéric Panier, CEO de AKT, n’en est pas moins irrité: “Une interruption aussi longue pèsera lourd sur l’économie de notre région et enverra un signal négatif aux investisseurs internationaux, dit-il. Nous comprenons que les réformes en cours soient difficiles. Mais, dans une période fragile où la Wallonie souffre déjà d’une réputation de ‘championne des grèves’, la multiplication des conflits sociaux porte atteinte à l’attractivité économique de notre région.”
Le CEO d’AKT ajoute: “Chaque jour de grève représente environ 100 millions d’euros de pertes pour l’économie wallonne. Sur trois jours, l’impact sera sérieux pour les secteurs qui travaillent en flux tendus et doivent honorer leurs engagements commerciaux. Et dans un contexte où les investisseurs suivent le climat social de près, répéter ou prolonger les blocages entame la confiance et l’attractivité du territoire.”
Taxer les entreprises
Le front commun syndical appelle le gouvernement à “mettre enfin en œuvre des alternatives convaincantes“.
L’inventaire, à la Prévert, attaque de plein fouet les entreprises et l’économie: “Plus de justice fiscale avec un impôt sur les grosses fortunes, une taxe sur les activités numériques des géants de la technologie et un examen sérieux des subventions de plusieurs milliards accordées aux entreprises”. À cela s’ajoute “une règle simple selon laquelle chaque salaire est soumis à des cotisations de sécurité sociale, qu’il s’agisse d’une société de management ou non”.
Reprenant ce leitmotiv unilatéral, Paul Magnette, président du PS, a surenchéri, jeudi à la Chambre. “Vous ne trouvez pas parce que vous ne regardez pas au bon endroit”, a-t-il lancé au Premier ministre. Selon lui, “il y a d’autres possibilités” que celles sur la table du gouvernement : contribution des grandes fortunes (qu’il estime à 6 milliards), lutte contre la fraude fiscale (3 milliards), augmentation des salaires (4 milliards), aide aux entreprises (1,5 milliard) et contribution des banques (1,5 milliard). “En quelques secondes, j’ai trouvé 16 milliards”, s’est-il exclamé, appelant aussi à taxer le kérosène pour le transport maritime et aérien.
Il n’y a pas de doute : c’est la promesse de Cuba-sur-Meuse!