Theo Francken à la Défense? “Une industrie wallonne forte et prospère, c’est contre son ADN”
Le nationaliste flamand pilote les négociations de l’Arizona en matière militaire. Objectif: investir davantage. Mais au sud du pays, on s’inquiète de ses réelles intentions.
Theo Francken, ancien secrétaire d’Etat fédéral à l’Asile et à la Migration dans le gouvernement Michel (2014-19), déborde d’énergie durant cet été. Au nom du formateur royal, Bart De Wever, il pilote les négociations dans les groupes consacrés aux matières migratoires, mais aussi de Défense. C’est un spécialiste du sujet, il est d’ailleurs vice-président de l’assemblée parlementaire de l’OTAN.
Sera-t-il ministre au sein de la future Arizona? C’est plus que probable. Il devrait porter un projet visant à invesitr davantage dans l’armée en ces temps géopolitiques troublés. Au sein de l’industrie wallonne de la défense, on send pourtant poindre une relative inquiétude.
Cap vers les 2% du PIB
La N-VA est pourtant “militariste” et la note de négociation présentée par Theo Francken va dans ce sens. “Conformément à nos engagements internationaux, nous prévoyons une trajectoire accélérée pour atteindre d’ici 2029 la norme Otan de 2% du PIB pour les dépenses militaires”, peut-on lire dans des extraits du texte dévoilés par le Tijd. Actuellement, les dépenses militaires représentent 1,3% du PIB, il s’agira de trouver 4 milliards d’euros dans un contexte budgétaire compliqué – avec 28 milliards d’économies à réaliser sur la législature.
Pour y arriver, il mise notamment sur ceci: “Outre une augmentation structurelle des moyens, nous voulons garantir grâce à un fonds pour la Défense la continuité des projets d’investissement et des opérations (…). Nous alimenterons ce fonds en procédant à la vente de participations publiques et en attirant des investisseurs privés.” Vendre des participations publiques, le sujet est sensible.
Un ADN nationaliste
En Wallonie, le sujet est d’autant plus délicat que l’industrie de la défense y est importante. En raison du contexte géopolitique, elle a le vent en poupe. Or, elle est… majoritairement entre les mains du secteur public, à raison de 100% pour la FN Herstal, de 85% pour la Sonaca et avec une entrée récente au capital de John Cockerill.
“On ne peut s’empêcher d’être inquiet, nous murmure une source proche de l’une de ces entreprises. Theo Francken est certes attentif à notre secteur, mais on sent qu’une entreprise wallonne forte et prospère, a fortiori avec du capital public, c’est contraire à son ADN, c’est hors de son logiciel.” En raison d’un agenda nationaliste toujours bien présent dans le chef de la N-VA, mais aussi d’une forme de “jalousie” d’une Flandre qui n’a pas misé sur ce cheval-là.
La crainte, c’est de voir le potentiel ministre peser sur la volonté de vendre une partie du capital des entreprises concernées. Une autre source proche de ce dossier rappelle que ce sera loin d’être évident, car il sera difficile de trouver un acquéreur susceptible d’investir dans une entreprise dont la prospérité… dépend du feu vert à l’exportation du gouvernement wallon. La nouvelle coalition Azur a toutefois promis de revoir ce dispositif. Alors?
Theo Francken assure pourtant avoir changé, être moins radical que par le passé. “Une Wallonie qui vote à droite, c’est mon rêve qui se réalise”, disait-il voici quelques jours au Soir. Dans les travées wallonnes, on demande à le vérifier de vive voix…
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