Surprise : le « oui » de Philippe Lamberts à Fiona Morton

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Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Déjà des lézardes dans l’union sacrée contre la nomination à la DG Concurrence de l’économiste américaine.

Nouveau rebondissement dans l’affaire Fiona Scott Morton, cette économiste américaine nommée par la Commission européenne au poste très influent de cheffe économiste de la DG Concurrence. Sa nationalité américaine, à un poste où, jusqu’à présent, avoir la nationalité d’un des États membres était un prérequis, avait interpellé.

Ses positions sur la concurrence aussi. Fiona Morton, professeur à Yale, a travaillé pour l’administration Obama, dont on sait qu’elle a souvent caressé les géants du numérique américains dans le sens du poil. Mais surtout, elle a conseillé ensuite de nombreux grands groupes (Apple, Microsoft, Amazon, Sanofi, Pfizer), en les défendant contre les attaques des autorités de la concurrence.

Sa nomination a suscité une levée de boucliers, notamment en France où l’on s’est fendu d’une demande officielle auprès de la Commission de reconsidérer cette nomination, mais aussi des quatre principaux groupes politiques au parlement européen. Vendredi, les quatre chefs de groupe, l’Allemand Manfred Weber (PPE), l’Espagnole Iratxe Garcia Perez (S&D), le Français Stéphane Séjourné (Renew), le Belge Philippe Lamberts (Verts)  estimaient dans une lettre adressée à Margrethe Vestager, l’actuelle Commissaire à la concurrence, être  “très préoccupés par les opinions » de Fiona Morton. Des opinions qui allaient à l’encontre, disaient-ils, des nouvelles législations européennes.

Fissures vertes

Mais le front est en train de se fissurer. Ce dimanche, Philippe Lamberts revoyait sa position et le faisait savoir sur Twitter

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« Après avoir parlé avec Fiona Scott-Morton aujourd’hui, mes préoccupations ont été rencontrées. Son expertise en matière de politique de concurrence nous aidera à lutter contre un pouvoir de marché excessif au profit des contribuables et des consommateurs de l’UE », écrit-il.

Le débat est cependant loin d’être clos car il semble que deux notions de concurrence sont aujourd’hui en lutte. L’une, à l’ancienne, défendue par Fiona Morton. L’autre, tenant compte de paramètres bien plus large, défendue par Lina Khan, la patronne de la FTC, l’agence de défense des consommateurs américains. Car  l’argument principal des actuelles autorités antitrusts américaines contre les Gafam – et contre les thèses de Fiona Scott Morton défendues notamment dans une opinion publiée par le Washington Post- est qu’il convient de lutter contre un pouvoir de marché excessif de certaines entreprises qui agiraient au détriment des consommateurs, des contribuables,  mais aussi à l’encontre des autres entreprises, plus petites, qui se feraient étouffer, quel que soit leur capacité d’innovation, leur secteur d’activité ou leur dynamisme.

La patronne de la FTC américaine, Lina Khan, a écrit à ce sujet un article qui est devenu une référence sur le « paradoxe d’Amazon ». Amazon a en effet fait chuter les prix d’une série de biens. Et quand on mesure la concurrence à l’aune des prix, on ne peut que s’en réjouir. Mais Amazon a également conquis une place tellement dominante qu’il est quasiment impossible pour de nombreuses firmes qui veulent écouler leur produit de s’en passer. Et cela au final restreint le choix des consommateurs.

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