Sophie Wilmès Première? “Ma priorité est l’Europe, mais je ne fuirai pas mes responsabilités”

Sophie Wilmès en campagne, toujours aussi populaire BELGA PHOTO LAURIE DIEFFEMBACQ
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

L’ancienne Première ministre, la plus populaire, mène campagne pour l’Europe et entend bien siéger au parlement européen. Mais elle est aussi négociatrice fédérale pour le MR et, le cas échéant, elle n’exclut rien.

Sophie Wilmès est en campagne et sa popularité se confirme, tant dans les sondages que dans les selfies demandés dans la rue. Après son retrait de la vie politique pour des raisons personnelles, la voilà tête de liste pour le MR aux élections européennes. Ce qui signifie, pour elle, la possibilité de se présenter devant les lecteurs de toute la Belgique francophone.

Invitée du Cercle de Wallonie, mardi midi, l’ancienne Première ministre a reconnu, émue, “la connection personnelle établie avec les Belges” depuis la crise du Covid. Elle a défendu longuement la nécessité d’une Europe plus forte, en insistant sur la notion d’autonomie stratégique. L’Europe, a-t-elle souligné “me passionne depuis toujours” et les enjeux actuels, de l’agriculture à la compétitivité en passant par le contexte géopolitique, appellent à un renforcement de l’Union.

“Pas de billard à trois bandes”

Pour autant, le nom de la candidate circule encore pour le poste de Première ministre, étant entendu que le contexte post-éctoral risque d’être compliqué avec la montée des extrêmes et le morcellement des voix. Durant la crise du Covid, Sophie Wilmès a prouvé qu’elle pouvait parler à tout le monde, notoirement au PS et à la N-VA.

Interrogée à ce sujet, elle temporise dans un premier temps. Pourrait-elle retourner au Seize? “C’est une possibilité théorique, mais je ne me vois pas retourner au Seize“, dit-elle. Pourquoi? “Parce que cela ne se présente pas…”. Mais si cela se présente? “On verra.”

Ni oui, ni non? “Je vais recadrer les choses. Si je me présente aux élections européennes, c’est avec la volonté sincère de siéger au niveau européen. C’est vrai, aussi, que j’ai reçu un mandat clair du Conseil du MR de participer aux négociations fédérales. Je pense que c’est une bonne chose et si ce mandat se confirme, je prendrai mes responsabilités comme je les ai toujours prises. Nous verrons ce qui se passera. Mais je ne fais pas un billard à trois bandes pour revenir au Seize via l’Europe.”

Comment éviter une longue crise?

Sophie Wilmès souligne que la montée attendue des extrêmes risque de compliquer la donne pour former une majorité, avec près d’un tiers des voix occupées par des partis non désirables, le Vlaams Belang et le PTB. Au passage, elle se dit “effarée du tapis rouge fait à l’extrême gauche alors qu’il s’agit d’une idéologie qui va amener le chaos dans le pays et la faillite du système”.

Comment éviter une longue crise dont le Belgique a le secret? “Il y a encore quinze jours pour essayer de faire comprendre aux gens que ce ne sont pas des voix vers lesquelles il faut aller, entame-t-elle. Après, il faudra s’obliger à avoir une cadence dans la formation du gouvernement parce que l’on aura les élections communales qui auront lieu dans la foulée. Certains partis auront-ils la capacité et le courage de ne pas travailler avec les extrêmes.” Suivez son regard, vers le PS et la N-VA. “En outre, il y aura ensuite les élections internes dans certains partis, ce qui est toujours une difficulté.”

Mais encore? “On a travaillé cette année-ci à une réflexion sur la façon dont on pourrait accélérer la formation des gouvernements. Certains sont partisans de la ‘hard deadline’: si après six mois, on n’est pas capable de former un gouvernement, on retourne aux urnes. Je ne suis pas favorable à cela parce que ces retours aux urnes risquent de favoriser les extrêmes ou les lenteurs stratégiques: si un parti a échoué aux élections, il peut être tenté de faire traîner les négociations en mettant le valet noir pour retourner aux élections. En outre, c’est comme si on n’acceptait pas notre capacité à faire le job après les élections.”

Sa piste privilégiée? La “soft deadline”: “On prévoit un moment ou des moments de rendez-vous démocratique au parlement pour pouvoir évaluer l’état des négociations. Si on estime que l’on peut poursuivre plus loin, on continue, sinon on retourne aux élections.”

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