Sondage exclusif: les Belges veulent investir plus dans la défense, moins dans la migration 

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Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Une majorité de nos citoyens veut des investissements accrus dans la défense aux dépens de la migration ou de l’appareil d’Etat, selon notre grande enquête réalisée pour Le Vif, Knack, Trends-Tendances, Trends, Canal Z et De Zondag par l’institut de sondage Kantar. “Un repli sur soi”, constate Bertrand Candelon (UCLouvain), mais dû aussi à notre endettement.     

Faut-il investir davantage dans la défense? Une majorité y est favorable. 51,9% estiment que ces dépenses doivent augmenter, un sentiment partagé dans les trois Régions du pays. 24,9% des sondés souhaitent maintenir ce niveau inchangé, 11,9% seulement souhaitent une réduction. 

Quel budget devrait dès lors être revu à la baisse? Les affirmations sont claires. 56,9% estiment que la politique de migration et l’accueil des migrants sont moins prioritaires. La différence est à peine perceptible entre les néerlandophones (59,5%) et les francophones (53,8%). Suit le poids de l’appareil d’État et la fonction publique (44,8%) avec, là, une différence notable entre le nord (51,3%) et le sud (36,8%). 

En troisième position, nouvel écart significatif. On retrouve la volonté de diminuer les subsides aux entreprises (37,3%), mais cela vit bien plus du côté flamand (45,7%) que francophone (26,8%). Quatrième place: les allocations de chômage, avec 32,8%, suivi de près par l’aide au développement (32,4%). Notons encore que 21,2% se disent prêts à voir le budget de la culture baisser, surtout en Flandre, et 18,8% le climat. 

“Nous n’avons plus les moyens”

Bascule-t-on vers un autre monde? “Il y a aujourd’hui trois gros défis nécessitant des investissements considérables, constate Bertrand Candelon. La défense est le premier, mais aussi le soutien à la compétitivité de notre économie et la transition énergétique. Chaque plan représente près de 1000 milliards au niveau européen. Ce sont des dépenses existentielles. Nous aurions pu y faire face, mais nous avons accumulé une dette énorme au niveau européen. Nous n’avons plus les moyens.” 

Ces dépenses doivent donc se faire au détriment d’autres, prolonge le professeur de l’UCLouvain. C’est le retour du repli du soi quand on privilégie une réduction des dépenses en matière d’accueil des migrants, de l’aide au développement, de la culture… Fondamentalement, ce n’est pas la faute de la population, mais c’est le résultat de la mauvaise gestion politique des trente dernières années. Les Allemands et les Néerlandais gèrent cela plus facilement car ils ont mis de l’argent de côté. Nous, nous n’avons pas anticipé ces chocs et le résultat, c’est que l’on se referme.” 

Bertrand Candelon met également le doigt sur le fait que notre dette est détenue en large partie par des investisseurs étrangers, des fonds de pension ou des fonds souverains. “Cela signifie que nous n’avons plus entièrement la maîtrise de notre financement, c’est une perte de souveraineté.” 

Notre sondage révèle également que l’idée d’un bon d’État spécifiquement orientée vers les dépenses en matière de défense ne recueille pas de majorité: 27,9% à peine y sont favorables, contre 51,2% défavorables. 

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