Socialistes & démocrates, Les Socialistes…: la refondation sans tabous du PS ira-t-elle jusqu’à un changement du nom?

Paul Magnette, président du PS, insiste sur l’importance d’un héritage vieux de 140 ans, mais ouvre les fenêtres pour une révolution de fond. Les accents restent toutefois la défense des acquis sociaux et d’une démocratie menacée. Quant au nouveau nom, il divise. Et comme le travail d’opposition semble porter ses fruits dans les sondages…

Paul Magnette, président du PS, aurait pu ou dû être contesté en interne après les résultats mi-figue, mi-raison de juin 2024 et le renvoie dans l’opposition fédérale. Pourtant, l’ex-bourgmestre de Charleroi mène le processus de rénovation et devrait briguer un nouveau mandat présidentiel.

Une “refondation sans tabous” est en cours, avec des débats de terrain en mars et, en ce mois d’avril, une consultation en ligne sur le site sans-tabou.be. On y trouve sans surprise les fondements du PS et ses préoccupations:  distance entre entre les politiques et les citoyen·nes, montée de l’extrême droite, pauvreté, conditions de travail, perte de pouvoir d’achat, dégradation des services publics…

Un héritage

Le “virage écosocialiste”, prôné par Paul Magnette dans un livre et mis en avant durant la campagne, n’est qu’une des options proposées aux internautes. Les priorités restent le travail, la justice sociale et la démocratie malmenée. Cela dit, le questionnaire en ligne reste… sommaire.

Dans un message publié à l’occasion du 140e anniversaire du PS, son président rappelle l’importance de l’héritage. “Il y a 140 ans, les travailleurs vivaient dans un monde sans droits, écrit-il. Pas de pension, pas de sécurité sociale, pas de santé, pas d’école. Rien, sinon la misère et le mépris. Et puis, un jour, le vent a tourné. Les travailleurs ont relevé la tête. Ils se sont organisés, ils ont résisté, ils ont rêvé plus grand. Et de cette résistance est né le socialisme.”

“Aujourd’hui, ces combats sont toujours d’actualité, prolonge-t-il. La précarité menace, les inégalités resurgissent, les droits sont attaqués. Mais notre flamme ne faiblit pas. Parce que nous savons d’où nous venons. Et parce que nous savons où nous voulons aller.” La refondation est sans tabous, mais il ne devrait pas y avoir de révolution.

Un nouveau nom?

Cela dit, un changement de nom est possible et Paul Magnette a ouvert la porte en ce sens. Depuis, le débat est fébrile au sein du PS, comme en témoigne une enquête du Soir.

Parmi ceux qui sont partisans, du changement de nom figurent ceux qui envisagent un abandon de la notion de “parti” et ceux qui souhaitent une mention explicite de l’enjeu démocratique en ces temps lourds de menaces.

“La démocratie est devenue un enjeu capital en tant que tel, on le voit bien avec les attaques depuis les États-Unis, en Europe même, souligne Thomas Dermine, bourgmestre de Charleroi. Pour moi, lier socialisme et démocratie, ce serait là une adaptation pertinente.” “Socialistes & Démocrates, c’est d’ailleurs le nom du groupe européen.

D’autres prônent “Socialistes” ou “Les Socialistes”. Abandon de la notion de parti, donc, un peu à la façon dont Les Engagés ont réussi leur refondation. Mais là où les sociaux-chrétiens ont abandonné il y a longtemps, pas question de laisser tomber le label “socialiste” tomber.

D’ailleurs, un vent de fronde se lève pour souligner combien le sigle PS est fort et que son changement n’est pas une priorité. “Notre nom est un socle fort”, souligne notamment Nicolas Martin, bourgmestre de Mons. Il précise que lors des communales, alors qu’il emmenait une Liste du bourgmestre, des concitoyens se sont demandé pourquoi il n’y avait pas de liste PS. Cela ne l’a pas empêché de réussir un bon score…

En attendant, la tâche de Paul Magnette ne sera pas facile… mais les derniers sondages montrent que le PS relève la tête en Wallonie, fruit de leur opposition forte aux projets MR – Engagés. La refondation ne doit pas casser cet élan retrouvé.