Signaux d’alarme pour les budgets de la Wallonie, de Bruxelles et de la Fédération

Vervoort et Jeholet veulent dépasser les clivages de majorité pour mieux gouverner
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

La dette deviendra insoutenable si l’on ne fait rien dans les entités francophones. Des restructurations en discussion, mais un peu tard. On donne le bâton pour se faire battre..

C’est la catastrophe. Les budgets des entités francophones (Wallonie, Bruxelles, Fédération Wallonie-Bruxelles) sont dans le rouge vif. “Le statu quo est impossible financièrement“, souligne Pierre-Yves Jeholet, ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, dans Le Soir.

Pour appuyer son propos, le libéral cite les chiffres récents du Centre de recherches en économie régionale et politique de l’UNamur: “pour la Région wallonne, la dette passerait de 124,4% des recettes aujourd’hui à 172,4% en 2028; pour la Région bruxelloise, on passerait de 194% à 286%; pour la Fédération de 83,1% à 118,9%.” La Flandre s’en sort légèrement mieux avec une dette à 86% des recettes.

Une situation “catastrophique”

La législature a évidemment été compliquée avec les inondations en Wallonie, la pandémie de Covid, la crise de l’inflation et l’indexation des salaires qui fait exploser les coûts de fonctionnement. Mais alors que la fin de mandat approche, le constat est toutefois regrettable: si des efforts ont été entrepris, il n’y a pas eu le sursaut nécessaire pour rationaliser suffisamment ces entités francophones.

Elio Di Rupo (PS), ministre-président wallon, se félicite d’atteindre l’équilibre en 2024 pour les dépenses ordinaires, mais pas pour les investissements ô combien nécessaires. “Sortir du budget les inondations et la crise covid, c’est comme si un ménage endetté disait qu’il sort des comptes le prêt pour la maison, pour la voiture et que sais-je“, grince Pierre-Yves Jeholet.

Pour la Fédération Wallonie-Bruxelles, son propos est sombre: “La situation francophone est catastrophique, nous devons agir.” Le ministre-président MR évoque la masse de fonctionnaires, des missions de la RTBF qui pourraint être revues, des discussions nécessaires sur l’encadrement dans les écoles et la disponibilité des enseignants, la diminution du nombre de masters dans le supérieur, le transfert de certaines compétences vers les Régions… Rien que ça! Mais il reste dix petits mois pour agir.

François De Smet, président de DéFI, met en garde, pour sa part. “C’est un secret de polichinelle : des discussions seraient actuellement en cours entre les trois principaux partis francophones – PS, MR et Ecolo – en vue de détricoter une partie des compétences de la Fédération Wallonie-Bruxelles, hors enseignement et culture, au bénéfice des Régions. Par déduction, on peut comprendre que seraient potentiellement visés la santé, la petite enfance, l’aide à la jeunesse, le sport ou encore l’audiovisuel. Certains semblent imaginer qu’un transfert de ces matières aux Régions serait judicieux. DéFI pense au contraire que cela amènerait davantage de complexité dans les secteurs concernés, et menacerait à terme la viabilité des emplois.”

Le bâton pour se faire battre

La campagne électorale débute dans un contexte délicat pour les partis francophones. D’autant que la Région bruxelloise, dans ce paysage décimé, est peut-être le niveau de pouvoir qui inquiète le plus.

Ces budgets dans le rouge vif sont de biens mauvais signaux envoyés à la Flandre, qui s’irrite fortement à l’idée de devoir à nouveau éponger les dettes francophones. Le mot d’ordre relayé dans tous les partis, au nord du pays, est désormais le même: pas un centime de plus, sans réformes et sans compétences nouvelles.

“Nous devons être courageux”, assène Pierre-Yves Jeholet. Oui, mais ce message de vérité survient un peu tard. Une nouvelle fois, le risque est grand de voir les francophones donner à la Flandre le bâton pour se faire battre.

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