Sécheresse : les propriétaires de piscines devront-ils payer l’eau plus chère ?
A l’heure où la sécheresse fait rage en Europe, certaines voix s’élèvent pour imposer un tarif plus élevé aux personnes qui consomment trop d’eau de ville, notamment les propriétaires de piscines et de jacuzzis.
La sécheresse qui sévit pousse les autorités communales à édicter des mesures d’économie d’eau. La consigne est claire : la population est appelée à utiliser l’eau de distribution de façon parcimonieuse. Ce qui signifie pas de lavages de voitures ou de terrasses à grandes eaux, privilégier la douche au bain, faire tourner moins de lave-vaisselle…
Le gouvernement wallon envisage lui-même de se doter de la possibilité d’ordonner ces restrictions d’utilisation de l’eau en cas de sécheresse, a indiqué la ministre de l’Environnement Céline Tellier, sur les ondes de Bel-RTL. Les restrictions se limitent pour l’instant à la seule eau de distribution dont les ménages sont les premiers consommateurs.
L’eau des piscines plus chère
“La pénurie d’eau est un problème structurel”, déclare de son côté Cathy Berx, la gouverneure de la province d’Anvers. “Des mesures fondamentales et décisives sont donc nécessaires”, estime-t-elle, dans De Standaard. Cathy Berx pense que les ménages et les entreprises doivent être fortement incités à réduire leur consommation d’eau. Elle veut ainsi faire payer un tarif nettement plus élevé aux particuliers et aux entreprises qui consomment trop d’eau du robinet. Elle a lancé la semaine passée un pavé dans la mare en proposant notamment de faire payer davantage les propriétaires de piscines et de jacuzzis qui utilisent plus d’eau de ville que les citoyens qui n’en ont pas.
“ Il existe déjà un tarif dit de base pour une utilisation normale de l’eau, en fonction de la composition d’une famille”, explique Berx dans le quotidien flamand. Une famille qui dépasse ce niveau paie aujourd’hui un “tarif de confort”. La question est maintenant de savoir si ce tarif est trop bas. Un tarif plus élevé peut inciter les consommateurs à n’utiliser l’eau du robinet que pour l’usage auquel elle est destinée. Et j’espère que cela les incitera également à utiliser autant d’eau de pluie que possible, à ne pas arroser et à ne pas gaspiller l’eau.”
L’intention de la gouverneure n’est donc pas que les familles doivent payer plus pour leurs besoins de base en eau comme cuisiner, boire, laver ou rincer les légumes… Mais l’eau du robinet doit être utilisée pour ces besoins fondamentaux et non, par exemple, pour remplir une piscine ou un jacuzzi. “Si vous voulez l’utiliser pour remplir votre piscine, vous pouvez le faire, mais vous devrez payer beaucoup plus cher”, propose-t-elle.
Un tarif plus élevé pour les entreprises aussi
Berx pense également que les entreprises d’une certaine taille devraient payer plus cher l’eau du robinet qu’elles consomment. En fixant un point de référence par secteur et par type d’entreprise, il peut être envisagé d’analyser ce que les entreprises consomment en termes d’eau, avance Berx. “Les entreprises qui utilisent beaucoup plus d’eau que leurs collègues du secteur le plus économique devraient alors payer un tarif plus élevé pour cette consommation supplémentaire”, explique-t-elle. La gouverneure encourage également les entreprises à mettre en place des systèmes circulaires pour la récupération de l’eau.
“Il faut faire plus”
Patrick Meire, professeur de gestion intégrale de l’eau à l’université d’Anvers, soutient d’emblée les propositions de Berx. “La consommation d’eau pourrait être considérablement réduite“, estime-t-il dans De Standaard. Elle pourrait également inciter les citoyens à contrôler leur consommation d’eau, en allant à la chasse aux fuites par exemple.
La ministre flamande de l’environnement Zuhal Demir (N-VA), qui est responsable de ce dossier, a demandé l’avis d’experts à ce sujet.
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