Schäuble sur la Grèce: “Je n’aurais pas voulu devoir imposer de telles réformes”
L’ancien ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, estime que la Grèce est sortie du cauchemar de la crise, après une purge dont il reconnaît qu’il n’aurait pas souhaité l’imposer aux Allemands, dans un entretien diffusé mardi soir par la télévision grecque Skaï TV.
“Moi-même je n’aurais pas voulu être contraint d’imposer de telles réformes en Allemagne”, a affirmé avant de quitter ses fonctions le grand argentier qui a été élu mardi président du Bundestag, la chambre des députés.
Ce vétéran de la zone euro juge toutefois que les plans successifs de redressement suivis par le pays lui ont permis de sortir de ce que le journaliste grec qualifie de “cauchemar”: “Il est fini, en 2017 les chiffres montrent que la situation se redresse”, déclare M. Schäuble.
“Nous considérons que la Grèce va se redresser sans prise de nouvelles mesures et va retrouver accès aux marchés” comme prévu en août 2018, insiste-t-il, selon la traduction grecque de ses propos.
Il réaffirme en conséquence qu’un allègement supplémentaire de la dette — notamment réclamé par le FMI et évoqué par le président américain Donald Trump après des entretiens avec le Premier ministre grec Alexis Tsipras — “ne sera pas nécessaire”.
“Le problème de la Grèce pour la prochaine décennie n’est pas la dette” qui caracole à 180% du PIB, “mais la poursuite” des réformes, insiste-t-il, mettant en garde les Grecs contre tout “retour en arrière”.
Il se refuse à commenter les inquiétudes suscitées à Athènes par la perspective que son poste échoie aux Libéraux du FDP, suspectés de souhaiter une sortie grecque de la zone euro.
Sa succession est d’ores et déjà l’un des sujets cruciaux des négociations engagées cette semaine par la chancelière Angela Merkel pour former un gouvernement.
M. Schäuble exclut aussi toute auto-critique sur son traitement de la crise grecque, renvoyant sur les gouvernements du pays, le FMI, la BCE et la Commission européenne, la responsabilité des plans de redressement.
“Ce n’est pas moi qui ai décidé”, insiste ce conservateur allemand de 75 ans au profil de père Fouettard de la zone euro. Il dénie aussi, à l’encontre de nombreux témoignages de ses homologues, avoir été à l’origine à l’été 2015 d’un projet de sortie provisoire de la Grèce de la zone euro.
Il égratigne au passage son ex-collègue grec, Yanis Varoufakis, dont le récent ouvrage “Conversations entre adultes”, fondé sur des enregistrements, dévoile les coulisses du psychodrame euro-grec après l’arrivée au pouvoir de la gauche radicale à Athènes.
“Ce qu’il raconte est si loin de la réalité que je ne sais vraiment pas quoi faire de ça”, lance M. Schäuble.
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