Jean-Pierre Schaeken Willemaers
Réflexions à propos de “Conquêtes”, le programme politique du co-président d’Ecolo
Le premier thème abordé dans cet ouvrage porte sur les phénomènes extrêmes de l’été dernier (pluies diluviennes, dôme de chaleur, vagues de chaleur et incendies, etc.) attribués au changement climatique provoqué par les activités humaines, c’est-à-dire, aux émissions de gaz à effet de serre (GES) d’origine anthropique.
Les conséquences de ces dérèglements sont, bien entendu, dramatiques. Mais plutôt que d’en rejeter la responsabilité sur l’humain et d’éluder ainsi tous débats sur les causes, ne serait-il pas plus utile d’analyser ces dernières sans à priori ?
Dans cette optique, une explication de l’origine possible des périodes de chaleur intense peut être éclairante.
La vague de chaleur extrême du 24 au 27 juillet 2019 se situe dans une période durant laquelle les vents solaires (flux de protons, électrons et particules alpha émis par la haute atmosphère du Soleil et rendu visibles sur Terre par les aurores boréales) ont été exceptionnellement intenses. Le cycle solaire 24 s’est distingué par un pic de vent solaire particulièrement important en 2018/2019, bien plus élevé que celui du cycle 23.
Ce fut également le cas durant la tristement célèbre canicule de 2003 qui a causé 30.000 morts en Europe. En revanche, le 10 janvier 2009 et pour la première fois depuis des décennies, le canal maritime Bruxelles Willebroeck était gelé près de la centrale de Verbrande Brug, alors que les vents solaires étaient très faibles. De très basses températures se sont aussi manifestées sous le règne de Louis XIV lors du minimum de Maunder (entre 1645 et 1715), période caractérisée par un faible vent solaire conduisant à l’absence presque complète d’aurores boréales.[1]
Dans les cas précités, la corrélation entre l’intensité des vents solaires et les températures extrêmes est frappante et explique les perturbations climatiques par des processus naturels sans qu’il soit nécessaire de faire intervenir les émissions de GES dues aux activités humaines.
Les températures particulièrement élevées observées en Colombie-Britannique et dans le Nord-Ouest américain (attribuées par certains à un “dôme de chaleur”) de la fin du mois de juin au début juillet 2021 sont un autre phénomène extrême et rare présenté comme le résultat du réchauffement climatique d’origine anthropique.
Cette zone circonscrite à très haute température dans l’intervalle de temps précité est entourée de territoires où règnent, durant cette même période, des températures anormalement basses, ce qui curieusement n’est jamais relevé dans les médias pas plus, d’ailleurs, que dans le livre “Conquêtes”.
Les conséquences de ces dérèglements sont, bien entendu, dramatiques. Mais plutôt que d’en rejeter la responsabilité sur l’humain et d’éluder ainsi tous débats sur les causes, ne serait-il pas plus utile d’analyser ces dernières sans à priori?
La température de 50°C observée en Colombie-Britannique peut s’expliquer comme suit: en juin 2021, une zone de haute pression est présente à l’est des montagnes Rocheuses à la suite d’une descente d’air polaire (AMP-Anticyclone Mobile Polaire) dans les plaines du Middle West. Le gradient de pression est-ouest ainsi créé engendre un vent d’est au-dessus des Rocheuses. L’air humide qu’il contient se refroidit en remontant la pente de ces dernières, provoquant la condensation de l’humidité. Après le passage au sommet, l’air sec se réchauffe rapidement en descendant la pente par compression adiabatique (phénomène de type foehn). Les températures élevées à l’ouest de la montagne induisent une baisse de pression et donc un appel d’air ce qui augmente son débit.[2]
Cette situation favorise également la sécheresse et les incendies de forêt.
Ce processus physique, qui n’est en rien lié aux activités humaines, remet en question la théorie du “dôme de chaleur” causé par le réchauffement climatique anthropique, chère aux écologistes.
Pour concrétiser son ambition climatique (baisse des GES de 55% d’ici à 2030 par rapport à 1990 et réalisation de la neutralité carbone d’ici à 2050), la Belgique doit, selon Conquêtes, “mettre en place une budgétisation verte, c’est-à-dire un outil visant à mettre les finances au service des objectifs climatiques. Pour ce faire, une inspection carbone, à l’image du rôle que l’Inspection des finances joue en matière budgétaire, sera créée afin d’évaluer l’impact des politiques publiques sur les émissions des gaz à effet de serre. Des objectifs contraignants pourront alors être définis pour chaque niveau de pouvoir public (État fédéral, Régions et même communautés). En cas de dépassement de l’objectif, l’inspection carbone aura la capacité de sanctionner le pouvoir public concerné”. “Afin de contribuer à rediriger les autres acteurs économiques vers des comportements plus durables, le gouvernement mettra également en oeuvre un mécanisme de signal prix carbone. Le prix de départ sera de 10 €/tonne de CO2 équivalent. Il augmentera de manière linéaire pour être compris entre au moins 70 et 100 €/t d’ici à 2030″. “Afin de contribuer à rediriger les autres acteurs économiques vers des comportements plus durables, le gouvernement mettra également en oeuvre un mécanisme de signal prix carbone. Le prix de départ sera de 10 €/tonne de CO2 équivalent. Il augmentera de manière linéaire pour être compris entre au moins 70 et 100 €/t d’ici à 2030″[3].
En ce qui concerne la biodiversité, il faut “porter d’ici à 2030 à au moins 30% le taux d’aires terrestres et d’aires maritimes protégées de toute agression. Un tiers de ces zones protégées devrait faire l’objet d’une protection stricte, ce qui signifie qu’aucune activité humaine comme la pêche ou l’agriculture ne peut y avoir lieu”.[4]
On observe que les propositions du livre se caractérisent par leur caractère contraignant, intrusif et qu’elles sont accompagnées de sanctions en cas de non-alignement sur la politique verte.
Si le modèle suggéré par “Conquêtes” était la solution évidente pour lutter contre le changement climatique d’origine anthropique et si dès lors il devait nécessairement entraîner l’adhésion des populations, pourquoi une approche politique aussi autoritaire serait-elle nécessaire ?
Mais même en supposant que “l’urgence climatique” soit scientifiquement fondée, il n’en reste pas moins que le programme écologiste détaillé dans “Conquêtes” ne serait éventuellement envisageable que dans des pays développés, sous réserve de sa faisabilité et de conditions économiquement acceptables telles que la préservation de la compétitivité des entreprises et services.
Et même pour ces pays dits riches, la guerre en Ukraine a montré que les pénuries énergétiques et de denrées alimentaires ont pour effet de reléguer au second plan les préoccupations climatiques, les besoins immédiats ayant la priorité. Pour faire face aux manques précités, les gouvernements européens envisageraient de produire localement ce qu’ils avaient l’habitude d’importer dans les domaines de l’alimentation et de l’énergie, en ce compris les combustibles fossiles tels que le gaz de roche mère apparemment relativement abondant en Europe.
Si l’urgence alimentaire et énergétique est une réalité pour les pays développés, elle l’est encore davantage pour ceux qui sont en voie de développement, voire émergents, dont l’ambition légitime est de combattre la faim fusse au prix du recours aux engrais chimiques ainsi que de pourvoir à leur suffisance énergétique bon marché et disponible localement et, dans un second temps, de combler leur retard par rapport aux pays développés.
La politique de décroissance prônée par les écologistes est loin d’avoir fait ses preuves, l’exemple désastreux de l’Allemagne est particulièrement éloquent à cet égard. Elle est également loin de convaincre les citoyens comme le montre l’effondrement des verts aux récentes élections présidentielles françaises et s’avère particulièrement injuste pour les trois quarts de la population mondiale.
[1] “Les vagues de chaleur mondiales récentes sont corrélées à un cycle solaire exceptionnel”, Jean Van Vliet, septembre 2019.
[2] “Températures extrêmes et foehn-démonter le mythe des Dômes de chaleur”, Jean Van Vliet et Brigitte Van Vliet-Lanoë, Science, climat et énergie, 27 août 2021.
[3] “Conquêtes”, Jean-Marc Nollet, Editions Couleur livres asbl, 2022.
[4] Ibidem.
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