Quelles sont les conséquences économiques de la peste porcine?
Les mesures draconiennes prises pour éviter la propagation de la peste porcine mettent à mal toute une série de secteurs. Agriculture, chasse, sylviculture, tourisme, etc. Tous sont dans l’incertitude.
Une zone tampon de 63.000 hectares en Gaume. C’est dans ce périmètre qu’ont été prises plusieurs mesures destinées à éviter la propagation de la peste porcine africaine après la découverte de deux carcasses de sangliers infectés. Des mesures qui mettent à l’arrêt toute une série d’activités.
Il y a d’abord l’élevage, évidemment. Après l’annonce par le ministre de l’Agriculture Denis Ducarme (MR) de sa volonté de faire euthanasier les 4.000 porcs élevés à l’intérieur de la zone sécurisée, les éleveurs se montrent très inquiets. Rappelons que la peste porcine africaine, qui ne touche pas l’homme, est très contagieuse entre porcs et sangliers, les uns étant une sous-espèce des autres. Elle est circonscrite pour l’instant à la faune sauvage. ” Condamner tous les porcs de la zone est une mesure radicale, affirme Yvan Hayez, secrétaire général de la Fédération wallonne de l’agriculture. Car les porcs domestiques sont sains. Les éleveurs seront indemnisés, mais ce n’est jamais qu’un one shot. Que se passera-t-il ensuite, quand ils se retrouveront avec leurs porcheries vides ? Je peux, à la limite, comprendre que l’on condamne les porcelets qui ne sont pas encore engraissés, que leurs propriétaires doivent continuer à nourrir alors qu’ils ne parviennent pas à les commercialiser. Mais pour les porcs sains déjà engraissés qui partent directement à l’abattoir, je ne vois pas le risque. ”
Autre secteur touché : la chasse. Celle-ci a été suspendue jusqu’au 15 octobre car elle est susceptible de provoquer des déplacements de populations de sangliers. ” Les chasseurs paient entre 50 et 100 euros par hectare par an aux propriétaires des terrains ( les communes ou des propriétaires privés à 50/50, Ndlr), explique Benoît Petit, président du Royal Saint-Hubert Club de Belgique. Ils vont à présent engager une bataille juridique pour obtenir la suspension du bail. Mais ce n’est pas gagné. Le titulaire du droit de chasse sur un terrain est en outre responsable des dégâts commis par les animaux dans cet espace. Qui les paiera alors que la chasse est interdite ? ”
La sylviculture est bien entendu aussi fortement impactée, elle qui doit déjà subir cette année les attaques du scolyte, un insecte qui agresse les épicéas fragilisés. ” Les mesures prises font que nous n’avons tout simplement plus accès aux forêts dans la zone tampon, pointe François Deneufbourg, responsable développement à l’Office économique wallon du bois. Toute une série de professionnels n’ont plus de travail. Les ventes de bois sont pour l’instant reportées, mais cela pourrait se transformer en annulation. Or, elles représentent des recettes importantes pour certaines communes. ”
La peste porcine contamine encore pas mal d’autres secteurs. Le tourisme, l’hôtellerie et le commerce en général ne sont pas épargnés. Tous espèrent à présent que le périmètre de la zone tampon pourra être réduit progressivement.
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