Que font des armes de la FN chez des milices anti-Poutine ?
La Belgique veut des réponses sur les armes belges produites par la FN et utilisées par des milices anti-Poutine sur le territoire russe.
Lorsque des groupes de partisans pro-ukrainiens ont franchi la frontière avec la Russie à bord de véhicules militaires il y a quinze jours et ont attaqué plusieurs villages, ils auraient utilisé des armes d’assaut de fabrication belge. Plus précisément, les troupes auraient été équipées du FN Scar, une arme automatique produite par l’usine d’armement liégeoise FN Herstal précise le Washington Post. Il n’y a que peu de doutes qu’ils s’agissent effectivement d’armes belges. Selon l’ancien colonel Roger Housen, « il est sûr à 100 % que l’arme qui apparaît sur l’une des images est belge” dit-il au Nieuwsblad.
Si dans l’ensemble, l’attaque est restée limitée, cela pose des questions sur le contrôle qu’exerce Kiev sur les armes que le pays reçoit des pays membres de l’OTAN. Car outre les armes belges, au moins quatre véhicules tactiques (des MRAP, soit des véhicules protégés contre les mines et les embuscades) fournis par les États-Unis et la Pologne ont été aperçus.
Une question particulièrement sensible puisque les responsables américains et occidentaux ont insisté pour que l’Ukraine suive de près les milliards de dollars d’armes qui ont afflué dans le pays. Et l’une des conditions est que celles-ci ne servent pas à mener des attaques sur le sol russe.
Des clarifications immédiates
La Belgique a grosso-modo les mêmes conditions pour chaque livraison d’armes. Le ministère belge de la défense ne veut pas divulguer le nombre exact d’armes déjà livrées à l’Ukraine. Il s’agirait cependant de “milliers” de fusils Scar livrés en plusieurs fois.
Suite aux révélations du Washington Post, la ministre de la Défense Ludivine Dedonder et sa collègue des Affaires étrangères Hadja Lahbib contacteront les autorités ukrainiennes dès que possible pour demander des clarifications. “Ces livraisons sont destinées aux forces armées ukrainiennes pour protéger leur territoire et leur population contre l’invasion russe. C’est expressément indiqué dans les documents accompagnant chaque livraison (…) Ces armes ne sont donc pas autorisées pour des groupes isolés qui ont un agenda interne russe.”
Des armes qui peuvent vite changer de mains
L’enquête du Washington Post montre pourtant que le matériel peut changer de mains. Il est très difficile de contrôler les armes pendant un conflit. Un exemple flagrant est les armes datant des guerres de Yougoslavie qui réapparaissent encore sporadiquement dans le milieu criminel.
Dans ce cas-ci, les armes belges auraient été prises par l’armée russe à des soldats ukrainiens avant que celles-ci ne soient reprises à leur tour par la Légion de la Russie libre et une seconde milice appelée le Corps des volontaires russes (RDK). Des groupes composés de combattants d’origine russe qui veulent « libérer » leur patrie. Deux groupes qui ont aussi la réputation d’avoir des membres néo-nazis ou extrémistes.
Zelenski sur une corde raide
L’affaire est d’autant plus problématique que s’il s’avère malgré tout que l’Ukraine a délibérément violé les accords conclus avec l’Occident sur les livraisons d’armes et donnée elle-même des armes aux milices, cela pourrait avoir des conséquences majeures sur la poursuite du soutien militaire. Or l’Ukraine doit en grande partie sa survie au soutien de l’Occident. Zelenski sait que ce genre de révélation le place sur une corde raide et pourrait bien se retourner contre son pays.
Plus dangereux encore, le fait que des armes de pays membres de l’OTAN soient utilisées dans des attaques sur le territoire russe apporte de l’eau au moulin de Poutine. La question est donc de savoir comment ce dernier va réagir.