Quand le PS refuse de collaborer avec le MR: la polarisation devenue ostracisme

PS chairman Paul Magnette delivers a speech at the traditional new year's reception of French-speaking socialist party Parti Socialiste (PS), in Brussels, Thursday 16 January 2025. BELGA PHOTO ERIC LALMAND
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Paul Magnette, président du PS, clame dans toutes les langues sa préoccupation au sujet de l’évolution ‘radicale’ du parti libéral. Jusqu’à ne plus vouloir collaborer avec lui. Mais les socialistes, eux, gouvernent avec le PTB sans souci. En Belgique francophone, un mur de guerre froide se reconstruit.

Paul Magnette, président du PS, reconstruit son parti. Mot d’ordre: “Ne jamais s’excuser d’être de gauche”. Cela passe par une alliance avec la gauche radicale du PTB, façon Nouveau Front Populaire en France, et par une attaque systématique d’un MR.

Le parti libéral, lui, pousse sans cesse plus loin les frontières de la droite populaire, jusqu’à accueillir des “réfugiés” de l’extrême droite, issus de Chez Nous. Non sans hausser les épaules face aux attaques socialistes, estimant que c’est le fruit d’une absence de contre-projet.

Le résultat, c’est une polarisation qui atteint des niveaux affolants. Et un ostracisme du PS pouvant aller jusqu’au refus de collaborer avec le MR. C’est ce que Paul Magnette exprime, en guise de musculation verbale. Mais c’est aussi ce qui se passe en Région bruxelloise, avec la N-VA en guise de repoussoir.

“Impossible de travailler avec lui”

Si le MR continue sa dérive à droite, alors il est clair que ça deviendra pratiquement impossible de travailler avec eux“: voilà ce que Paul Magnette déclare au Soir. Argumentaire: “Notre pays était à la pointe dans le registre de l’extrême droite, avec le Vlaams Blok, et puis, du côté francophone, on a aujourd’hui l’évolution du MR, son glissement de plus en plus caractérisé vers la droite radicale.”

Multipliant les déclarations, le leader socialiste appuie: “L’esprit de la droite radicale s’installe chez nous. Depuis des mois, des personnalités du MR multiplient les provocations et les propos discriminants. Ils attaquent tous ceux qui dénoncent leur projet : journalistes, syndicats, associations, acteurs culturels et climatiques…”

Ou encore: “Le président du MR a ouvert la porte à des militants d’extrême droite. C’est une stratégie délibérée de radicalisation. Nous la dénonçons avec force. C’est une violation du cordon sanitaire et un danger réel pour notre démocratie.”

“Le succès de la guerre culturelle”

Depuis son arrivée à la tête du MR, dans la lignée de ses prédécesseurs, Georges-Louis Bouchez tape sans cesse sur le PS. Il a aussi élaboré avec succès une “guerre culturelle”, avec l’appui de son services d’études, pour imposer à l’agenda des thèmes oubliés par la gauche: sécurité, immigration, lutte contre l’assistanant, laïcité…

“La plus grande victoire des libéraux, c’est d’imposer les thèmes, appuyait-il lors de ses voeux. C’est d’oser affirmer ses convictions, c’est de faire en sorte de ne pas être sans cesse enfermé dans le carcan de la gauche qui dicterait les règles du débat, de ce que l’on peut dire et de ce que l’on ne peut pas dire!

Le résultat, c’est un MR a 30% aux élections de juin 2024, qui donne des ailes à son président et qu’il l’a propulsé au pouvoir en Wallonie, en Fédération Wallonie-Bruxelles et bientôt au fédéral, avec l’appui des Engagés.

Mais ce sont aussi des tensions internes au sujet du recrutement de trois jeunes venus de Chez Nous. “Il s’agit d’assécher les extrêmes“, justifie le président. Sûr de sa ligne.

Blocages et division francophone

Le résultat concret d’une guerre des tranchées entre le PS et le MR se fait déjà sentir en Région Bruxelloise.

Les discussions sont complètement à l’arrêt entre leurs chefs de file, David Leisterh (formateur libéral) et Ahmed Laaouej (président du PS régional), sur fond de diatribes régionales. Le “prétexte” est l’arrivée de la N-VA dans la majorité potentielle du côté néerlandophone: le MR estime que les Flamands doivent gérer leur coalition et négocie avec la N-VA au fédéral, le PS refuse de parler avec un parti qualifié de “raciste”.

Voilà donc la capitale complètement bloquée, au risque d’un dérapage budgétaire d’envergure et d’une dérive communautariste dangereuse.

Cette polarisation effrenée est également préjudiciable pour les francophones, incapables de se parler et d’adopter une ligne commune face aux potentielles veilléités nationalistes flamandes sur le plan institutonniel. La division francophone se concrétise aussi dans l’éclatement de DéFi sur le terrain bruxellois.

Dans ce contexte, seul un parti se frotte les mains: les Engagés sont plus que jamais au centre du jeu.

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