La Banque nationale de Belgique (BNB) a publié un constat important : depuis 2013, la part salariale des travailleurs belges recule. En d’autres termes, la portion de la richesse créée dans l’économie qui revient aux salaires est devenue plus petite. Dans la zone euro, sur la même période, ce ratio est resté stable.
Pour bien comprendre, la BNB utilise une image simple : imaginez la valeur ajoutée de l’économie comme un gâteau. Ce gâteau se partage entre deux grandes parts :
- le travail, c’est-à-dire les salaires,
- le capital, qui correspond aux profits et aux revenus des entreprises.
La “part salariale” désigne donc la taille du morceau attribué aux travailleurs. Attention toutefois : il ne s’agit pas du salaire net que vous recevez sur votre compte, mais bien du coût salarial total pour l’employeur (salaire brut, cotisations sociales, etc.).
Pourquoi cette part a-t-elle diminué ?
La Banque nationale identifie plusieurs causes :
- La productivité a augmenté : les travailleurs produisent plus de richesse qu’avant.
- Mais les salaires réels n’ont pas suivi : la rémunération horaire n’a pas progressé au même rythme.
Plusieurs décisions de politique économique ont joué un rôle :
- le saut d’index,
- la modération salariale,
- la réduction des cotisations patronales,
- et surtout la norme salariale, qui fixe une limite aux hausses de salaires au-delà de l’indexation.
Résultat : même si l’économie crée plus de valeur, la part qui revient aux salaires est plus petite qu’avant. Et cette tendance touche quasiment tous les secteurs.
Un déplacement vers les entreprises “à faible part salariale”
La BNB souligne un autre phénomène : entre 2013 et 2022, la production s’est davantage concentrée dans des entreprises qui consacrent une plus petite part de leur richesse aux salaires.
En clair, ces entreprises pèsent aujourd’hui plus lourd dans l’économie belge qu’il y a dix ans.
Cependant, nuance importante : seule une entreprise sur deux environ a réellement vu sa part salariale baisser sur la période.
Habituellement, quand la part salariale diminue, les inégalités augmentent : une plus grosse part du gâteau va au capital, et une plus petite au travail. Mais en Belgique, la situation est différente.
Les indicateurs de revenus montrent qu’au contraire, les inégalités ont diminué au cours des dix dernières années. Pourquoi ? Principalement grâce à la baisse importante du chômage, qui a permis à davantage de ménages d’avoir un revenu.