Pourquoi les constructeurs européens s’opposent-ils aux droits de douane sur les voitures chinoises ?

Alors que la Commission européenne prévoit d’imposer des droits de douane supplémentaire sur les voitures électriques chinoises, les principaux constructeurs automobiles européens, comme BMW et Volkswagen, s’y opposent. De quoi ont-ils si peur ?

Ce vendredi, les États membres de l’Union européenne devraient, malgré l’opposition allemande, donner leur feu vert définitif à l’imposition de droits de douane supplémentaires sur les voitures électriques chinoises. Analyse en quatre questions.

1. Pourquoi l’Union européenne veut-elle imposer des droits de douane sur les voitures électriques importées de Chine ?

L’Union européenne cherche à protéger son industrie automobile face à une concurrence chinoise jugée déloyale. Une enquête approfondie menée par la Commission européenne a révélé que les constructeurs chinois bénéficient de subventions massives de la part de l’État, telles que des prêts à taux réduits ou des aides directes. Grâce à ces subventions, les voitures électriques chinoises sont vendues environ 20 % moins cher que les véhicules européens, créant un déséquilibre sur le marché. Pour contrer cela, la Commission propose d’ajouter une surtaxe allant jusqu’à 35 % sur les voitures chinoises, en plus des 10 % déjà en place. L’objectif est de protéger les 14 millions d’emplois dans l’industrie automobile européenne et d’éviter que les constructeurs européens ne soient mis hors compétition, comme cela a déjà été le cas dans d’autres secteurs, notamment les panneaux solaires.

Ce n’est par contre pas forcément une bonne nouvelle pour le consommateur européen. Ces frais seront probablement reportés sur le prix de vente. Concrètement, s’il achète une voiture chinoise, il paiera plus cher, même si l’entreprise chinoise exportatrice ne percevra rien de plus.

2. Pourquoi les constructeurs automobiles européens s’opposent-ils à ces droits de douane ?

Bien que ces droits de douane visent à protéger les constructeurs européens, des géants comme BMW, Mercedes, Volkswagen et Stellantis (Peugeot, Fiat) y sont opposés. Leur principale crainte est liée aux représailles économiques que la Chine pourrait prendre en réponse à ces mesures. La Chine a déjà menacé de riposter en imposant des tarifs sur des produits européens comme le porc, les produits laitiers et le cognac.

Et pour des entreprises comme BMW et Mercedes, le marché chinois est crucial pour la vente de leurs voitures de luxe. Une guerre commerciale avec la Chine pourrait réduire drastiquement leurs ventes dans ce pays. Stellantis craint même bien plus de perdre l’accès au marché chinois que la concurrence chinoise en Europe. Selon le groupe, cette perte aurait un impact financier bien plus important que la concurrence sur le marché européen.

On estime que le projet de surtaxe européenne sur les voitures électriques chinoises devrait concerner 1 auto électrique sur 5 immatriculée en Europe. En majorité des marques occidentales : Tesla, BMW, Volvo, Dacia.

3. Quels pays européens soutiennent ou s’opposent à ces mesures ?

L’Allemagne, dont l’économie dépend fortement de ses constructeurs automobiles, est la tête de proue de ce mouvement de fronde. Sous la pression de BMW, Mercedes et Volkswagen, le gouvernement allemand devrait donc voter contre ce vendredi. L’Espagne, deuxième producteur automobile en Europe, s’oppose également, en raison de la crainte de représailles chinoises contre ses secteurs agricoles, notamment les exportations de porc.

Mais tous les pays ne sont pas opposés à ces droits de douane renforcés, loin de là. En effet, des pays comme la France, l’Italie, les Pays-Bas et la Pologne soutiennent fermement ces droits de douane. Et comme, ensemble, ils représentent environ 40 % de la population de l’UE, il est très probable que la mesure soit adoptée. D’autant plus qu’il faut une majorité des deux tiers pour bloquer une décision, ce qui sur ce dossier semble peu probable.

4. Quelles alternatives aux droits de douane pourraient être envisagées ?

Face aux tensions et à la forte opposition des constructeurs automobiles et de certains États membres, d’autres solutions sont à l’étude pour éviter une confrontation directe avec la Chine. Une alternative pourrait être l’imposition de quotas limitant le nombre de voitures électriques que la Chine pourrait exporter vers l’Europe sur une période donnée. Cela permettrait de contenir la pénétration du marché européen par les constructeurs chinois, tout en réduisant le risque de représailles. Par ailleurs, la Commission européenne pourrait rester ouverte à des négociations avec la Chine pour éviter une escalade du conflit commercial. D’autres voix dans l’industrie préconisent de soutenir les constructeurs européens de manière différente, par exemple en ajustant les normes d’émissions ou en repoussant l’interdiction de la vente de voitures à moteur thermique après 2035, car la Chine est moins compétitive dans ce domaine.

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