Pourquoi l’assaut sur le Capitole a laissé les marchés de marbre?
Pour le chef de la stratégie de la banque d’affaires Puilaetco, les marchés ont davantage regardé vers la Géorgie que vers Washington.
1. Pourquoi les marchés n’ont pas réagi aux événements de Washington, qui pourraient pourtant signifier une fragilité des institutions américaines avec des effets sur l’économie ?
Cette semaine-là, il y a eu un autre événement de grande importance : les élections sénatoriales en Géorgie. Elles ont vu deux démocrates l’emporter, et donc renverser la majorité au Sénat. Les démocrates dominent donc totalement le Congrès. Avec une petite majorité toutefois, mais la probabilité est plus grande que le chèque d’aide qui sera distribué aux Américains soit plus important (il devrait être de 2.000 dollars) que si les républicains avaient conservé la majorité. Les marchés regardent toujours avec trois ou six mois d’avance. Ils se sont dit qu’avec un Congrès totalement contrôlé par les démocrates, l’économie américaine allait bénéficier davantage de mesures pro-cycliques.
2. Certains investisseurs avaient pourtant été rassurés par la perspective d’un Congrès divisé entre un Sénat restant sous contrôle républicain et une Chambre à majorité démocrate. Ils estimaient que cette division allait tempérer la volonté démocrate de taxer les entreprises. Cet espoir n’est plus, mais cela n’a pas affecté les Bourses.
Parce que la situation n’a pas tellement changé. La majorité démocrate est faible car dans le camp démocrate aussi, il y a des élus portés sur une certaine discipline budgétaire. On va peut-être voir apparaître une hausse de l’impôt des sociétés mais elle devrait être moins importante qu’attendu. Le président Biden va devoir peser le pour et le contre et être très diplomate pour garder les 50 voix nécessaires pour faire passer toute nouvelle loi au Sénat.
3. Ces derniers événements pourraient-ils affaiblir le dollar ?
Nous devrons nous attendre à davantage de dépenses publiques pour soutenir l’économie. Et les derniers chiffres, décevants sur le marché du travail, vont dans ce sens. Le Trésor américain va donc devoir lever plus de capitaux. Et pour trouver des acquéreurs à ces nouveaux titres, il devra offrir un rendement un peu plus élevé ou un dollar moins cher pour séduire les investisseurs étrangers… Le dollar devrait donc rester sous pression, à moins du surgissement d’une crise internationale où il jouerait à nouveau son rôle de valeur refuge. Mais ce n’est pas le cas car traditionnellement, quand la croissance mondiale repart, le billet vert perd quelques plumes. Et c’est ce qui se passe aujourd’hui. Ceci dit, face à l’euro, le dollar s’est déjà bien affaibli. Il faut désormais 1,22 dollar pour un euro, contre 1,12 il y a un an.
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