Plan industriel vert de l’UE: une base excellente, mais gare à la course entre pays européens
La proposition de plan industriel vert de l’UE, présentée mercredi par la Commission européenne pour répondre entre autres aux subsides massifs américains, constitue une “excellente base de discussion” pour le sommet européen de la semaine prochaine, a réagi le Premier ministre belge Alexander De Croo. Il met toutefois en garde contre une politique qui générerait une course aux subventions entre pays européens.
“La Commission fait des choix justes et stratégiques dans sa communication, en s’engageant pour la technologie verte et le renforcement de l’industrie en Europe. Pour la première fois depuis longtemps, l’Europe mènera à nouveau une politique industrielle, et c’est une bonne chose”, a commenté M. De Croo auprès de Belga, par la voix d’un porte-parole. “Mais cette politique ne peut se reposer principalement sur les subsides nationaux. Cela conduirait à des distorsions du marché intérieur, et cela finit toujours par une course vers le bas entre pays européens”, met en garde le Premier ministre.
L’une des propositions marquantes du plan est d’assouplir encore le carcan des subventions nationales. Les plus petits pays craignent que cela ne profite qu’aux grands pays riches, essentiellement l’Allemagne et la France, qui bénéficient déjà de la toute grande majorité des aides d’État autorisées (80%), et qui pourraient favoriser encore plus leurs entreprises au détriment de leurs concurrentes de l’UE.
Pour atténuer le risque de fragmentation du marché unique, l’idée d’un nouveau fonds d’investissement européen a été avancée, le “Fonds de souveraineté européen”, mais son financement rebute les pays les moins disposés à débloquer des moyens budgétaires, et il ne pourrait être créé qu’à moyen terme. “Si l’Europe veut remporter la lutte globale de la compétitivité, elle ne pourra le faire qu’avec un marché intérieur robuste, et donc des règles du jeu équitables pour les 27 États membres”, exhorte Alexander De Croo.
Présentant la nouvelle proposition d’assouplissement des règles sur les aides d’État, la commissaire à la Concurrence Margrethe Vestager avait elle aussi formulé une mise en garde: “en fin de compte, l’aide d’État est un transfert d’argent des contribuables vers les actionnaires, cela ne peut se justifier que si la société dans son ensemble tire profit de l’aide octroyée, il faut donc arriver au bon équilibre”.