Pierre Wunsch met en garde contre une baisse trop rapide des taux d’intérêt en Belgique
Das un entretien à L’Echo, Pierre Wunsch, le gouverneur de la Banque nationale de Belgique (BNB) et membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), a exprimé des réserves quant à une réduction rapide des taux d’intérêt dans la zone euro.
Selon lui, une telle décision pourrait être risquée, surtout si les prix de l’énergie continuent d’augmenter en raison des tensions géopolitiques au Moyen-Orient.
Wunsch souligne que bien que l’inflation se rapproche de l’objectif de 2%, l’économie européenne reste fragile. Il met en avant deux éléments contradictoires : d’une part, la faiblesse économique justifierait des baisses de taux, mais d’autre part, l’inflation des services demeure élevée, atteignant 4% sur un an. Cette situation complexe nécessite une approche prudente et mesurée.
Attention au contre-pied
Il insiste sur le fait que la BCE doit éviter de précipiter une baisse des taux alors que les prix de l’énergie pourraient inverser leur tendance actuelle. Une telle précipitation pourrait obliger la BCE à recalibrer sa politique monétaire à court terme, ce qui serait difficile à gérer et à communiquer. « Si on baisse les taux trop vite et qu’il faut ensuite repartir dans l’autre sens, c’est plus compliqué à communiquer que si on est un peu trop lent et qu’il faut, à un moment donné, accélérer. Je peux entendre des collègues qui estiment qu’il existe un risque de réduire les taux trop tard. Mais si la reprise de la croissance en Europe devait se concrétiser, et si l’augmentation des prix du pétrole accélérait, nous courrions le risque d’être pris à contre-pied et de devoir alors recalibrer notre politique de taux à relativement brève échéance », dit-il.
Wunsch rappelle que l’inflation domestique, contrôlée par la politique de taux, reste supérieure à 3%, tandis que l’inflation importée, influencée par les prix de l’énergie, pourrait augmenter. Il préconise donc une réduction graduelle des taux, en attendant une analyse approfondie de la situation par le staff de la BCE.
Enfin, il met en garde contre les anticipations de marché qui pourraient influencer les décisions de la BCE. « On n’a pas intérêt à provoquer des swings dans les attentes de marché. Mais je n’ai pas envie non plus d’être commandé par les marchés. Ce n’est pas parce que certains de mes collègues se sont exprimés dans les médias que les jeux sont faits. Nous allons examiner ça calmement la semaine prochaine », ajoute Pierre Wunsch. C’est en effet la semaine prochaine que la BCE doit se réunir pour prendre une décision sur la poursuite, ou non de la baisse de ses taux directeurs.
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