Pierre Wunsch : il y a place pour une deuxième baisse des taux

Pierre Wunsch, gouverneur de la Banque nationale. © Belga
Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Interrogé par Reuters à deux semaines de la prochaine réunion de la Banque centrale européenne qui doit se tenir le 18 juillet, le gouverneur de la Banque nationale, Pierre Wunsch a estimé qu’il y avait, sauf surprise, place pour une deuxième baisse des taux.

Pas encore de vrai cycle baissier

Une première baisse de 25 points de base (0,25%) avait déjà eu lieu le 6 juin. Elle avait réduit le taux des opérations principales de refinancement à 4,25%, le taux de la facilité de prêt marginale à 4,50% et le taux des facilités de dépôt à 3,75%.

Mais lors de la conférence de presse qui avait commenté cette décision, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, avait un peu atténué l’espoir que cette première baisse  soit automatiquement la première d’un cycle de réduction des taux. « Nous sommes déterminés à assurer le retour au plus tôt de l’inflation au niveau de notre objectif de 2 % à moyen terme. Nous conserverons les taux directeurs à un niveau suffisamment restrictif, aussi longtemps que nécessaire, pour atteindre cet objectif. Nous maintiendrons une approche s’appuyant sur les données pour déterminer de manière appropriée, réunion par réunion, le degré et la durée de cette orientation restrictive », avait-elle dit.

Inflation encore un peu haute

Cette baisse  de début juin se justifiait parce que l’inflation avait été étouffée. « Si l’on considère le pic d’inflation, en octobre 2022, nous étions à 10,6 % – une inflation à deux chiffres en moyenne. En septembre 2023, nous étions à 5,2 %. Aujourd’hui, nous sommes à 2,6 % », expliquait Christine Lagarde. Mais elle avait pointé du doigt certains éléments qu’il fallait surveiller comme l’eau sur le feu : les hausses des salaires (la BCE s’attend à une hausse de 4,8% cette année en zone euro), et la hausse des prix des services. « La hausse des prix des services s’est nettement renforcée, à 4,1 %, contre 3,7 % en avril », soulignait la présidente de la BCE. « Nous avons besoin de données suffisantes pour corroborer notre opinion selon laquelle la trajectoire désinflationniste se confirme et justifie de nouvelles décisions », avait-elle dit.

Pas d’urgence

Pierre Wunsch n’est donc pas tout à fait sur la même longueur d’onde. Il estime toujours qu’il y a place pour une deuxième réduction de taux, en juillet ou à la rentrée. « Si nous n’avons pas de surprises négatives majeures, alors, sur la base de nos prévisions, je dirais quil y a de la place pour une deuxième réduction », a-t-il dit, ajoutant qu’ « un petit écart par rapport aux projections ne changerait pas radicalement cette vision ». 

Les économistes de la BCE ont en effet revu légèrement à la hausse leur projection d’inflation, tablant sur un 2,5% cette année et 2,2% l’an prochain, soit 0,2% de plus que lors des prévisions de mars.

Voilà pourquoi Pierre Wunsch laisse la porte ouverte à un statu quo en juillet, le temps de prendre connaissance des dernières statistiques. « Cette deuxième réduction de taux n’est pas urgente. La BCE peut attendre jusqu’à ce que ses prochaines projections soient publiées en septembre », affirme le gouverneur de la Banque nationale.

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