Philippe Lamberts (Les Verts): “La prolongation de la suspension du pacte de stabilité est tout sauf saugrenue”

Philippe Lamberts (Les Verts) © Belga
Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Philippe Lamberts, le député européen Vert, est prêt à parier que la suspension du pacte de stabilité va se prolonger l’an prochain. Si ce n’était pas le cas, les investissements pour la transition énergétique et la défense seraient impossibles, ajoute-t-il.

On négocie fiévreusement ces jours-ci les nouvelles règles du pacte de stabilité et de croissance, les fameuses règles budgétaires qui instaurent le seuil d’endettement de 60% du PIB et de déficit de 3%.

Ces règles ont été mises en veilleuse en mars 2020, en raison du covid. Mais elles sont censées reprendre en janvier, et comme elles étaient loin d’être parfaites et que les Etats se sont très endettés, on négocie donc, sous la présidence de l’Espagne, pour réformer ce pacte de stabilité. Les négociations sont toutefois difficiles car l’Allemagne s’en tient à la discipline budgétaire. Et ce vendredi à l’aube, les ministres européens des Finances se sont quittés sans accord.

Le discours officiel est de dire que sans accord sur un nouveau pacte avant la fin du mois, l’ancien reprendra du service. Mais Philippe Lamberts, député européen Vert, n’est pas de cet avis.

Il estime qu’au contraire, la suspension des règles en vigueur depuis le printemps 2020 devrait se poursuivre.  « Franchement pour être en contact avec un certain nombre d’acteurs, je pense que ce scénario est tout sauf saugrenu », nous dit-il.

Tigre de papier

Pourtant, ce n’est pas le message officiel que l’on entend. « Ce sont les faucons budgétaires qui agitent le fait que les règles d’origine reviendraient en vigueur en cas de non-accord, parce qu’évidemment ils pensent effrayer avec cet élément », rétorque Philippe Lamberts. L’eurodéputé souligne que parmi ceux qui agitent la menace, on trouve le ministre allemand des Finances Christian Lindner, et la présidente de la BCE, Christine Lagarde.

« Mais, ajoute-t-il, il faut se rappeler d’une part, que ces règles n’ont jamais été vraiment appliquées et en tout cas les sanctions n’ont jamais été  prononcées(c’est vrai, les déficits excessifs de la France et de l’Allemagne au début des années 2000 n’ont donné lieu à aucun sanctions, NDLR). Et par ailleurs j’ai de bonnes raisons de croire qu’en année électorale, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ne fera pas à l’extrême droite le cadeau de réinstaurer les règles d’origine. Mais évidemment, elle ne peut pas le dire ouvertement. Cette menace de les réinstaurer est un tigre de papier ». Et s’il n’y a pas d’accord, on devrait donc rester dans la situation actuelle, au moins jusqu’aux prochaines élections européennes, qui auront lieu début juin de l’an prochain.

Sinon, aucun Green Deal ne sera possible

Philippe Lambert ne cache d’ailleurs pas que c’est la stratégie poursuivie par les Verts européens : « tout faire pour rendre difficile un accord au Parlement européen afin de pouvoir, après les élections, avoir une discussion qui inclue non seulement les règles budgétaires mais aussi l’indispensable création d’une capacité d’investissement européen, qui en est le pendant indispensable », dit-il.  « Il est incroyable, alors que l’idéologie austéritaire montre ses limites en Allemagne, que les faucons continuent à s’obstiner et à imposer cette vue en Europe, ajoute Philippe Lamberts. Ce qui est sûr, conclut-il, c’est que si les règles budgétaires, nouvelles ou anciennes, devaient être remises en vigueur, les investissements liés au Green Deal  ainsi qu’à la défense seront impossibles budgétairement. Impossibles ».

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