Pas de blocage des prix en Belgique

Illustration

Contrairement à la France, en Belgique on n’est pas prêt à imposer un prix maximum à certains produits. Le Ministre Dermagne n’exclut par contre pas que la liste des grandes entreprises qui n’auraient pas voulu faire baisser les prix de détail alors que leurs coûts ont baissé soit publiée.

Il n’y a pas de majorité pour l’instant prête à soutenir la proposition de loi socialiste qui donne au gouvernement la possibilité de fixer un prix maximum, des marges bénéficiaires maximum ou de bloquer les prix lorsqu’une évolution anormale est constatée, est-il apparu mercredi en commission de l’Économie de la Chambre.

Selon cette proposition, sur la base de l’analyse réalisée par l’Observatoire des prix, le gouvernement serait habilité à intervenir si l’évolution est susceptible de provoquer un dommage grave, immédiat et difficilement réparable pour les entreprises concernées ou pour les consommateurs dont les intérêts sont affectés, ou de porter atteinte au pouvoir d’achat des ménages ou encore de léser l’intérêt économique général.

“Cela sonne bien mais peut être désavantageux pour les consommateurs “

La N-VA, dans l’opposition, les libéraux et le CD&V, dans la majorité, n’y sont pas favorables. Le PTB par l’entremise de Roberto D’Amico a par contre déposé un texte qui va dans le même sens que celui du PS et de Vooruit. “Cela sonne bien mais peut être désavantageux pour les consommateurs et les travailleurs. Moins de concurrence mène à moins d’offre, des rayons vides ou des pertes d’emploi”, a affirmé Leen Dierick (CD&V).

Aux yeux du MR, c’est au gouvernement de mener une concertation avec le secteur de la grande distribution, comme l’a fait en France le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. “Par la pression politique, ils sont parvenus à faire baisser certains prix. Pourquoi ne prend-on pas d’initiative au gouvernement belge comme dans les pays voisins? Il y a une inertie regrettable”, a souligné Denis Ducarme.

Pas de levier d’action

Le PS a contesté l’argument. “Si le gouvernement français peut mener cette concertation, c’est parce qu’il a un levier d’action, il a le pouvoir de fixer des prix comme il l’a fait, par exemple, durant la crise du covid, avec les masques chirurgicaux. Ici, le gouvernement est impuissant, il n’ira pas en concertation avec Comeos (fédération de la distribution), la Fevia (fédération de l’industrie alimentaire), etc., avec les leviers suffisants. On ne veut pas donner des superpouvoirs au gouvernement mais simplement des pouvoirs pour agir quand des marges bénéficiaires outrancières sont constatées”, a expliqué Patrick Prévot.

Si Ecolo-Groen ne s’oppose pas à la réflexion d’imposer temporairement des prix maximums pour les produits de base, Albert Vicaire a fait remarquer qu’il fallait aussi “tenir compte de l’indexation des salaires, qui anticipe déjà l’augmentation des prix d’un grand nombre de produits de base, et des producteurs locaux et agriculteurs qui doivent pouvoir obtenir des prix décents pour leurs produits”.

Vu l’absence de consensus suffisant, le texte n’a pas été mis au vote.  

Dermagne attend un accord sur la baisse des prix alimentaires à la mi-juillet

Le ministre fédéral de l’Economie, Pierre-Yves Dermagne, a par contre appelé mercredi les acteurs de la chaîne alimentaire à conclure un accord qui permettra une baisse des prix des produits alimentaires à la mi-juillet.

Il n’exclut pas, en dernier recours, de publier la liste des grandes entreprises qui n’auraient pas voulu faire baisser les prix de détail alors que leurs coûts ont baissé, a-t-il averti à l’issue d’une réunion avec la Fevia, la fédération de l’industrie alimentaire, en présence de représentants de l’Observatoire des prix.

Le vice Premier ministre et ministre de l’Economie Pierre-Yves Dermagne. © BELGA

La réunion était consacrée au “prix du caddie” qui reste élevé en Belgique alors que les prix de nombreuses matières premières (céréales, lait, huiles végétales, …) et de l’énergie sont à la baisse au niveau mondial.  Le ministre a demandé aux acteurs du secteur d’activer au plus vite leur chaîne de concertation pour que les baisses de coût des matières premières se répercutent dans les meilleurs délais sur les prix des denrées alimentaires en magasin. “

J’ai demandé aux acteurs du secteur de s’accorder pour anticiper la renégociation des prix fixés en magasin, négociation qui a lieu chaque année. Il n’est en effet pas acceptable que, lorsque les prix des denrées alimentaires diminuent, le consommateur doive attendre des mois avant d’en ressentir ses effets en magasin”, a dit le ministre dans un communiqué. “J’appelle à ce qu’un accord satisfaisant puisse se conclure d’ici la mi-juillet. Cette concertation de la chaîne, qui réunit les différents maillons de la chaîne alimentaire belge, est en effet déterminante pour une baisse des prix alimentaires pour le consommateur”, a-t-il ajouté.

Des études sur les marges du secteur agroalimentaire et le niveau des prix en Belgique comparé à celui des pays voisins sont en cours.

Partner Content