La Belgique est l’un des rares pays à plaider la modération dans les dépenses en matière de Défense, ressort-il jeudi de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN qui se déroulait à Antalya, en Turquie, selon le chef de la diplomatie belge, Maxime Prévot.
L’un des enjeux de la réunion était la part du produit intérieur brut (PIB) que les pays de l’Alliance affecteront à leurs dépenses militaires, à l’heure de la menace russe et du désengagement progressif des États-Unis. “Au terme de la réunion des ministres des affaires étrangères des pays de l’OTAN, il apparaît assez clairement que les pays qui souhaitent être plus modérés sur les dépenses de défense, comme la Belgique, sont une petite minorité”, a indiqué M. Prévot à l’agence Belga.
Objectif de 5% du PIB
Selon le ministre belge, “l’écrasante majorité” des pays de l’Alliance se sont exprimés en faveur de l’objectif de 5% du PIB affectés à ces dépenses. “On peut donc légitimement penser que c’est la direction que prendra la nouvelle norme future. Certains pays plaident même pour que l’on atteigne ces seuils dès 2030 au vu de la menace qui pourrait peser sur l’Europe dans les années à venir”, a ajouté M. Prévot.
Plusieurs pays ont cependant plaidé pour des mécanismes flexibles, dans la nature des dépenses éligibles et dans le calendrier de mise en œuvre. Les États-Unis ont annoncé qu’ils attendaient de tous les pays de l’Alliance un effort atteignant les 5% du PIB. Le secrétaire général de l’organisation, Mark Rutte, soutient cette proposition et propose qu’elle se décline selon une clé de répartition attribuant, d’ici 2032, 3,5% aux dépenses strictement militaires et 1,5% à des dépenses plus larges, par exemple d’infrastructures.
Pas les affaires du nouveau gouvernement belge
La proposition ne fait pas les affaires du nouveau gouvernement belge, déjà confronté à un effort important d’assainissement de ses finances publiques. La Belgique n’atteindra que cette année la norme de 2%, fixée il y a dix ans. Elle figure parmi les derniers de la classe européenne aux côtés de l’Espagne et de l’Italie. Maxime Prévot a plaidé sa cause devant ses collègues. “Je dois vous dire que la Belgique, qui est déjà confrontée à un très haut niveau d’endettement et à des déficits structurels majeurs, ne peut décemment souscrire à des objectifs futurs de 5% ou même de 3,5% du PIB à court ou moyen terme. Nous pensons que ces objectifs sont au-delà de nos capacités budgétaires”, a-t-il expliqué à Antalya.
“Nous sommes prêts à augmenter notre part d’effort, mais dans un délai soutenable de plus de 10 ans au lieu de 7 ans. Et avec des objectifs réalistes. Notre gouvernement a fixé un objectif de 2,5 % pour 2034. Cet objectif nécessitera à lui seul des milliards d’euros d’efforts supplémentaires que nous ne savons pas comment nous pourrons financer. Aller au-delà n’est pas exclu, bien sûr, mais aujourd’hui, cela semble hors de portée. Nous savons qu’une décision sera prise à La Haye et nous entendons rester un partenaire fiable”, a-t-il ajouté. En juin, une décision sera prise au sommet de l’Otan, à La Haye, auquel participera le Premier ministre, Bart De Wever. La réunion de cette semaine en Turquie devait préparer le terrain.